Victoire était assise dans son lit, les jambes en tailleur. Elle regardait par la fenêtre et observait les oiseaux voler dans le ciel bleu. Pas un nuage à l’horizon, pas une brise de vent, pas un souffle quelque peu rafraichissant par cette journée extrêmement chaude. Les cheveux de la blonde lui collaient légèrement sur les tempes. C’est bien connu, les vélanes ne transpirent pas. Mais quand on sort de la douche, ça donne un peu la même impression. Pour la première fois depuis des jours, un léger sourire étira les lèvres de la Gryffondor. Elle avait envie de voir Lennon. De faire la folle, de s’amuser, de rire. Bref, de vivre.

Le soleil était déjà haut dans le ciel quand la jeune fille descendit dans la Grande Salle pour manger. Les cours du matin avaient été très ennuyeux, voir soporifiques, et elle avait besoin de vitamines pour la suite des cours. Bien sûr, les profs étaient tous très attentionnés depuis l’accident mais elle n’en avait que faire. Elle voulait juste suivre les cours, faire des bonnes notes et surtout, qu’on la laisse tranquille avec cette foutue histoire d’éventration. Elle avait chassé Lysander de son esprit, surtout après la bataille qui avait eu lieu dans la forêt Interdite, et l’évitait le plus possible.

Une fois rassasiée, Victoire discuta un moment avec une de ses amies Serdaigles, Laïla. Elle s’amusa des regards qui se tournaient sur son passage et décida qu’il était temps de retourner en classe quand elle vit qu’il ne restait plus qu’une poignée de personnes présentes dans la Salle. D’un pas sautillant, elle regagna sa place, ses livres sous le bras. Elle n’avait qu’un cours, cet après-midi, et cela lui convenait à merveille car tout ce qu’elle voulait, c’était sortir dans le parc et prendre l’air. Avec Lennon, si possible. Une fois ses affaires éparpillées sur la table, elle s’assit et se prépara mentalement à suivre une heure de pur bla bla théorique et inutile en situation de crise. Une fois que la cloche sonna, elle fût la première hors des quatre murs qui l’avaient retenu bien trop longtemps à son goût.

Son envie de liberté s’était encore développée depuis la scène de la Salle de Bain. Elle qui, avant, était libre comme l’air et sur qui il ne semblait peser aucune contrainte, était maintenant moins joyeuse, moins rayonnante, moins…. Moins Victoire, tout simplement. Tout le monde pouvait remarquer cette différence mais peu de gens le voulait. Elle se forçait donc à présenter un visage calme, posé et joyeux, suivant les occasions. Elle savait parfaitement manipuler les gens depuis sa plus tendre enfance, ce qui lui était très utile en ce moment.

De retour dans son dortoir, la jeune fille se laissa tomber sur son lit, la tête enfouie dans son oreiller. Un des chats du dortoir vient lui lécher la joue de sa petite langue rose et rappeuse. Un sourire étira les lèvres de notre blonde et elle s’amusa avec le chat et une pelote de ficelle pendant un bon moment. Le pelage doux de l’animal était très agréable au touché et Victoire ne vit pas passer le temps. Si elle voulait voir Lennon, il fallait qu’elle fasse passer un message par l’intermédiaire d’une des nouvelles.

D’un bond, elle se leva, attrapa un morceau de papier sur lequel elle écrivit quelques mots. Avec un sourire moqueur, elle ajouta un sort sur le parchemin pour que des petits cœurs envahissent les bordures. Ils bougeaient, tournoyaient et certains s’amusaient à rebondir sur les autres. Fière de son travail, Victoire partit à la recherche d’une première ou d’une deuxième année des Serdaigles. Elle dévala l’escalier du dortoir, les escaliers ensorcelés et arriva pile au moment où la deuxième sonnerie retentissait. Elle vit un flot d’élèves sortir d’une classe et, vu leur petite taille, ils devaient être en deuxième. La blonde se dirigea vers l’une des petites et posa sa main sur son épaule.

Salut ! Tu connais Lennon Nixon ? Tu veux bien lui transmettre ce message de ma part ?

Le hochement de tête fût positif et la Gryffondor glissa le parchemin dans la main de la petite. Avec un dernier sourire, elle se rendit à l’endroit du rendez-vous. En sortant du Château, la jeune fille posa de grosses lunettes sur son nez et fronça les sourcils. Le soleil tapait fort et elle avait bien fait de protéger ses yeux. Elle était sensible aux rayons UV et, dès que le printemps arrivait, elle mettait une paire de lunette dans sa poche magique. Elle descendit les escaliers et se dirigea vers le parc. D’un pas calme, elle flâna un moment entre les arbres avant de descendre d’autres escaliers. Ceux-ci menaient bien plus bas que les premiers et Victoire se retrouva devant la cabane d’Hagrid.

Elle s’assit sur un rocher et attendit patiemment que son amie veuille bien pointé le bout de son nez. Elle faisait confiance à la petite pour trouver Lennon car cette dernière était tout sauf… introuvable. Ses cheveux roses étaient une caractéristique très intéressante et rigolote. Le soleil commençait déjà à se coucher et Victoire, perdue dans ses pensées, n’avait pas vu le temps passer. Elle retira ses lunettes et frissonna sous un léger coup de vent. L’air se rafraichissait. Il faisait toujours beau mais la fin de journée débutait.

BOUH !

Victoire sursauta violemment et se retourna.

Lennon !! Espèce de folle de mon cœur !! C’est pas trop tôt. Comment vas-tu, ma pucète aux cheveux roses ?

Pucète aux cheveux roses est fatiguée! Je ne sais pas pour toi, mais le prof de Défense ne nous a pas ménagés...Et j'ai trois tonnes de devoirs pour demain, mais quand j'ai vu ton message, j'ai décidé de faire ma rebelle et de prendre un peu de retard!

Victoire éclata de rire et s’amusa avec les cheveux étranges de son amie. Le rose lui allait à merveille et c’était sûrement ça le plus bizarre. Non, la couleur ne comptait pas plus, au niveau des bizarreries. Son caractère et la facette qu’elle montrait étaient deux choses différentes et Victoire était une des seules à connaître vraiment ce feu-follet aux cheveux éclatants et tape-à-l’œil. La blonde regarda Lennon s’asseoir à ses côtés et elle sentit le poids réconfortant d’une tête sur son épaule. Un coup de vent souffla alors, faisant valser les deux couleurs ensemble et emmêlant les mèches roses et blondes. Ça aussi, c’était un joli contraste. En fait, les deux filles étaient… complémentaires, en quelques sortes. Victoire brisa le silence qui s’était installé.

Et puis d’abord, je sais que tu fais tout le temps ta rebelle. Quant à moi, j’ai à peine écouter mes cours de la journée et j’ai fini bien plus tôt que toi.

Lennon bailla et Victoire fut prise d’une envie irrésistible de faire de même. Le bâillement était transmissible et, une fois qu’une personne avait bâillé, on savait que toute la classe allait faire la même chose. Et souvent, des fous rires explosaient dans la classe pour des raisons tout à fait inconnue du pauvre professeur qui a eu le malheur de tomber sur des fous de sixièmes années.

Oh, et un mec de ma classe est venu me parler, aujourd'hui...Pour me demander si tu étais célibataire! Je lui ai répondu que si il voulait savoir, il n'avait qu'à venir te voir et te le demander. C'est vrai quoi, je ne suis pas un hibou!

Et tu as bien fait… Ils ne comprennent pas que j’ai envie de rester un peu seule après cette histoire avec Lysander ? Ah, ben non… Ils ne sont pas au courant de tout…

La jeune fille secoua la tête et leva les yeux au ciel. Les garçons, des êtres imbus d’eux-mêmes et qui se croient tellement supérieurs aux filles. Filles qu’ils avaient l’affront d’appeler « sexe faible », et ce pendant des années voir des millénaires. Cela agaçait Victoire au plus haut point. Elle qui croyait à l’égalité des sexes, elle était servie par son côté vélane. Ou plutôt, maudite. Même si cela ne la gênait pas vraiment.

Et sinon, pourquoi devant chez Hagrid? Tu devais le voir?

Quoi ? Oh, non, pas du tout. Je sais que c’est l’endroit le plus calme et le plus sûr des environs. Donc, au lieu d’aller au parc comme tout le monde ou vers le lac, j’ai choisi la cabane. Et j’aime bien l’odeur des arbres.

Victoire posa son regard sur Lennon, qui la fixait. Elle haussa légèrement un sourcil et ses yeux crépitèrent de points d’interrogations.

Oui ?