Quelques semaines, quelques mois, quelques années, ou serait-ce quelques jours que le bal d’halloween s’était finit en bain de sang? Le jeune brun perdait la notion du temps si facilement en ce moment qu’il ne savait plus très bien qu’est-ce qu’il faisait, ni quelle heure de la journée il était. A en juger par la couleur encre du ciel il devait être assez tard dans la soirée. La journée s’était passée si vite? Qu’avait-il fait pour ne se rappeler de rien jusqu’à maintenant. Que faisait-il en haut de cette tour d’astronomie, les yeux fixant le vide, accoudé à la balustrade, le vent balayant ses mèches sombres avec violence et parfois même une certaine douceur. Que faisait-il là lui à fixer le vide attend que quelque chose se passe alors qu’il n’avait jamais fait cela. Pourquoi n’était-il pas dans un couloir à mettre le bordel ou au coin du feu dans sa salle commune à discuter avec ses amis. Pourquoi n’était-il pas heureux? Merlin! Il le savait très bien pourquoi. Il avait pourtant encore le culot de se poser la question! Il ferma les yeux avec force espérant qu’en les rouvrant il réussirait à effacer l’image de Scorpius près de la mort, sur le sol, baignant dans son sang. Il voulait oublier les horreurs de cette stupide soirée de bal. Il voulait oublier la douleur qui déchirait chaque seconde un peu plus son cœur. Plongeant son esprit dans un gouffre sans fond avec un nom, la tristesse, la souffrance, les regrets. Pourquoi ce n’était pas lui sur le lit de l’infirmerie, entre vie et mort? Pourquoi ce n’était pas lui qui souffrait en ce moment en se battant chaque secondes contre la mort? Pourquoi ce n’était pas lui qui avait reçu ce putain de sort? Pourquoi ce n’était pas lui qui souffrait à la place de son meilleur ami? Pourquoi? Pourquoi? POURQUOI! Toutes ces interrogations se bousculaient dans sa tête avec une force qui le détruisait petit à petit de plus en plus le forçant à enfoncer ses doigts dans la pierre à s’en faire un mal de chien. S’obligeant à fermer les yeux à s’en faire mal à la tête. Se forçant à taper violemment contre le mur avec son poing jusqu’à n’en plus sentir son poing. La souffrance. Horrible, tout en haine, en violence en colère et en regret. Elle se caractérisait par de brusque envie de nausée, des envies de mourir, de se violenté jusqu’à n’en plus pouvoir. Il avait envie d’enjambé cette putain de rampe et finir quelques mètres plus bas, brisé, mais enfin soulagé d’un poids trop lourd. Dans un dernier geste de désespoir le jeune homme crispa ses doigts sur la rambarde et commença à enjambé la barrière. Il allait se laisser aller quand il renonça. Il avait au dernier moment, choisit d’affronter la réalité et ne pas faire preuve de lâcheté. Tout cela en mémoire du jeune homme blond qu’il côtoyait jours et nuits, dans les plus grands moments de sa vie. Il s’effondra à terre, le dos contre le sol de pierre froid. Non, il n’était pas si fort qu’il le laissait croire, non, il n’était pas si courageux qu’on le croyait, non il n’était pas toujours de bonne humeur à remonter les morals même dans les pires situations. Merlin! Il était HUMAIN! Des larmes brulantes vinrent griffer ses joues de brulantes marques. Depuis quand n’avait-il pas céder à la tentation d’être humain, faible, comme chaque homme? Depuis quand n’avait-il pas pleuré? Trop longtemps. Des sanglots secouaient son faible corps vidé de toute force alors qu’il se laissait aller par terre, il ne pouvait plus résister à cette vague de souffrance qui noyait son corps sous ses larmes brulantes et douloureuses. Il n’en pouvait plus de jouer à l’homme fort, à quelqu’un qui savait affronter les souffrances de ses proches sans bouger. Il n’en pouvait plus. Il n’était pas son père! Il n’était encore qu’un putain d’adolescent trimbalé entre sa crise d’adolescence, son innocence et la dureté de la vie. Il n’était qu’une misérable feuille balloté dans le vent d’automne essayant vainement de se raccrocher à sa branche d’arbre, mais cédant lorsque le vent était trop puissant. Il n’était pas plus fort que la nature. Il était Humain.. Humain.. Désolément humain. Faiblement humain. Complètement Humain, mais pourtant si normalement humain. D’un geste impuissant sa tête se renversa sur le sol alors que ses sanglots redoublaient. Il espéra qu’à ce moment même personne n’aurait l’idée de venir se balader dans la tour d’astronomie. Une vingtaine de minutes plus tard le jeune homme se redressa, passa une main dans ses cheveux avant de se diriger à pas lent vers les toilettes les plus proches. Il longea les murs à pas discret essayant de ne pas se faire remarquer. Vu l’heure à laquelle il se baladait il ne valait mieux pas qu’il se fasse prendre. Une fois la porte des toilettes des hommes fermée, il s’approcha d’un miroir et fixa le jeune homme qui lui faisait face dans ce ridicule reflet. Les yeux légèrement rouges, les joues striées de marques que les larmes avaient laissé sur ses joues, les cheveux en bataille et le teint blafard, Albus ne se reconnaissait plus. Dans quel piètre état était-il donc. Cette vision lui fit l’effet d’une baffe. Ou était le jeune homme joueur et rieur qu’il était? Surement en train de se mourir aux côtés de son meilleur ami. D’un geste lent il passa de l’eau sur son visage prenant bien soin d’effacer chaque trace de larmes. Avec une négligence calculé il remit ses cheveux en ordres avant de se regarder une dernière fois dans la glace et de tourner les talons. Il avait déjà une meilleure tenue. Bien sur ses yeux étaient légèrement injecté de sang, mais il mettrait cela sur le compte de la fatigue à quiconque lui ferait remarquer. Quand il arriva devant le tableau qui gardait la salle commune des Gryffondors, il respira un grand coup avant de passer le portrait et de soupirer à la vue de sa petite sœur. Soulagement ou honte? Voulait-il de la compagnie ou bien préférait-il cacher son désespoir? Il ne savait pas, il ne savait plus.. Il accepta l’appel de sa sœur et s’effondra sur un canapé face au feu. Il avait besoin de compagnie, de soutient, d’amour. Il attrapa une friandise et la mit dans sa bouche, le gout du chocolat envahit ses sens et il ferma les yeux quelques fractions de secondes.

« Pourquoi tu n’es pas couchée encore? »

Il regarda sa sœur en essayant de lui sourire mais il ne put pas, il lui adressa juste un regard espérant lui faire comprendre à quel point la situation était compliqué pour lui, et que même s’il débordait d’amour pour sa sœur, il ne pouvait le lui prouver en cet instant. Les yeux reflétant une lueur douloureuse et le visage impassible Albus fixa ses yeux sur le visage de sa sœur.

« Pourquoi tu n’es pas couchée encore? »

Sa voix était creuse, comme éteinte. Jamais encore il n’avait pris cette voix pour parler à sa sœur et il s’en voulut, oui il s’en voulu de ne pas pouvoir offrir à sa sœur un visage souriant, des gestes débordants d’amour et un humour pareil à celui qu’il servait avant le bal. Il n’en avait cependant pas la force, ses gestes étaient las, et sa voix éteinte. Son visage fatigué et ses yeux à demi-fermé, épuisés. Il n’en pouvait plus de combattre ses sentiments, ces journée ou il restait dans ses pensées le dévoraient de l’intérieur, l’épuisant plus que s’il ne s’était défoulé en conneries pendant toute la journée. Détruit, il s’autodétruisait. Il aurait dut réagir se foutre des claques, se redresser et remonter le moral des autres, rester aux côtés de Scorpius, lui parler, lui dire pleins de conneries et lui raconter leur plus fort souvenir, essayer de le ramener à lui-même.. Il était égoïste, un sale égoïste pas foutu de se relever à la moindre épreuve. Il était idiot, idiot et faible. D’un geste lent il tourna la tête pour observer le feu danser dans l’âtre. Il devait essayer de se redresser, de remonter la pente, de sortir de sa torpeur et de se battre, comme il l’aurait fait en temps normal.

« J'arrive pas à dormir ... je dois avoir trop de truc en tête ces temps-ci. »

Comme tout le monde, tout le monde s’était éteint autours de lui, plus personne n’osait rire, ou alors ceux qui se le permettaient arrêtaient rapidement en voyant les regards noirs des autres. Tout le monde avait été choqué. Le mage noir était si puissant que cela finalement? Les sorts de protections ne fonctionnaient donc pas correctement? Ou alors arrivait-il à les neutraliser facilement?

« En fait, je t'attendais. Je m'inquiète pour toi tu sais et puis je t'es chercher partout toute la soirée, enfin non, je suis pas arriver à entre dans la tour d'astronomie enfin bref, j'avais un mauvais pressentiment en fait, mais bon après avoir été choper dans les couloirs par un préfet qui m'obligea à retourner à la salle commune, je me suis dit que je te verrais bien revenir parce que tu n'étais pas dans ton dortoir non plus ... mais si après la ronde des préfets tu n'étais toujours pas revenu, je serais retourné à te recherche tu sais. »

Albus réussit à retenir un soupir de soulagement. Heureusement qu’elle n’avait pu pénétrer dans la tour d’astronomie sinon il n’aurait pas donner cher de sa peau. Il n’en avait pas encore parler au parent, ils ne savaient pas qu’Albus était dans un état assez.. Piètre. Il n’en savait rien. Cependant il fut touché par l’intérêt de sa sœur en son égard. Et lui adressa un regard reconnaissant.

« Tu as toujours été présent pour moi à chaque fois que j'en avais besoin et puis même quand tu pouvais pas tu trouvais toujours le moyen de l'être. Maintenant, c'est à mon tour, je sais que je suis toujours là mais présentement il est plus qu'important que tu finisse par sourire à nouveau et que tu te batte et puis je serais toujours là pour te supporter, tu seras jamais tout seul, jamais. »

C’était diablement vrai, il n’était pas seul. D’autres personnes souffraient du fait que Scorpius soit dans le coma. D’autres personnes pleuraient en attendant qu’il se réveille. D’autres personnes avait été blessé. Et puis sa sœur le soutenait malgré tout, il n’avait pas le droit de faiblir, il n’avait pas le droit de se laisser aller. Il fallait qu’il se ressaisissent..

« Je m'inquiète parce que j'ai peur. J'ai peur de me retrouver avec juste un frère ... et je ... je crois que ... que je donnerais pas chair de ma peau et que ... je ... je finirais mal, très mal ... et je ne serais pas ou je serais ... »

La voix de Lily se cassait, elle commençait craquer. Albus s’en voulut, s’était à cause de lui que Lily se sentait mal, s’était de sa faute. Il ne gérait pas du tout dans son rôle de grand frère. Il devait vraiment se ressaisir. Avant qu’il n’ait eu le temps de la prendre dans ses bras Lily changea de sujet.

« Tu veux des dragées surprises ? Mais prend pas les gris-bleuâtre tacheter de blanc ... ils sont plus qu'infectes ceux-là. »

Il la regarda un instant, reniant la boite de dragée surprise. Il avait toujours été bluffé par la capacité de sa sœur à changer de sujet. Il la fixa puis tendit les bras vers sa petite sœur pour la prendre dans ses bras. Il avait besoin de savoir qu’elle était là et il voulait à tout prix se faire pardonné de se comporter comme cela.

« Excuse-moi Lily, j’ai été égoïste, je te promet je vais essayer de me ressaisir.. Mais.. Tu comprends c’est assez délicat.. »

Il s’entrecoupait dans sa phrase, cherchant les bons mots, essayant de caché son trouble et serrant sa sœur dans ses bras pour lui témoigné son amour.

« Je… Je vais remonter la pente. »