D’un pas tranquille, Victoire se baladait dans les couloirs les plus glauques et les moins fréquentés et éclairés de Poudlard. Elle aimait de plus en plus l’ambiance froide et poussiéreuse qui régnait dans cette partie de Château et passait parfois la nuit entière à vagabonder ici ou là, sans la moindre autorisation. C’est d’ailleurs ce qu’elle avait fait, cette nuit. Elle s’assit sur le rebord d’une fenêtre, les jambes pendant au-dehors. Le short dont elle était vêtue dévoilait sa peau pâle et des frissons coururent sur son épiderme lorsque le petit vent glacé du matin souffla. La jeune fille ferma les yeux.

Quelque minutes plus tard, la presque obscurité qui régnait derrière ses paupières se teinta de rose, d’orange puis de rouge. Le soleil se levait, chassant le ciel noir, laissant place à un bleu clair largement dominant. Victoire aimait beaucoup ce temps et un sourire tira ses lèvres rouges. Elle se retourna, sauta légèrement sur le sol et, en longues foulées rapides, monta dans son dortoir. Il lui restait encore quelques heures avant le début des cours et trois heures de sommeil lui suffiraient amplement. Aujourd’hui, du moins. Elle se glissa sous les lourdes couvertures et ferma les yeux. Comme prévu, le petit chat du dortoir vint la réveiller, trois heures plus tard, alors que l’effervescence des filles commençait à se calmer.

Avec son légendaire flegme, Victoire se leva, prit une rapide douche glacée, essora ses cheveux en enfilant un leggings noir, opaque, et d’un coup de baguette, sécha ses longues mèches blondes. Elle pensait de plus en plus à teindre sa tignasse, soit dans un roux flamboyant soit dans un noir corbeau. Mais jamais ses parents ne seraient d’accord. C’est sur ces réflexions que Victoire enfila une longue tunique blanche, cintrée et légère. Par-dessus, elle passa sa robe de sorcier même si elle s’en serait bien passée. Une paire de ballerine blanche très souples vint chausser ses petits pieds et, attrapant son tas de livre sous le bras, elle dévala les marches jusqu’à la salle commune où elle devait rejoindre sa cousine.

En souriant, elle posa un baiser sur le front de Lily et l’entraina dans les couloirs qui menaient à la Grande Salle. Le brouhaha qui s’entendait de loin ne découragea pas Victoire, pour une fois, et elle entra en riant dans la salle. Elle s’assit, se servit et mangea rapidement car elle était presque en retard pour son premier cours de la journée : Défense contre les forces du mal. Bonne chance. Elle n’avait rien contre cette branche, ni contre le professeur, qu’elle trouvait plutôt spécial et donc, passionnant, mais elle n’avait juste aucune envie d’aller en cours. Elle jeta un coup d’œil dans la salle et vit que les autres élèves de sa classe commençaient à se lever. Elle fit donc de même, ramassa ses cahiers et fila vers la salle de DCFM.

Lorsqu’elle entra, elle eut le plaisir de voir des objets moldus. Un projecteur, un ordinateur. Bref, Monsieur Halbermond avait apparemment eu l’idée de projeter un film lors de son cours. Moui, pourquoi pas ! Cela pouvait se montrer très intéressant. Ou alors, plus ennuyeux que la mort mortellement mortelle.

Asseyez vous. Ne sortez rien, aujourd'hui, on regarde une vidéo.

Un élève se risqua à parler et Halbermond le pétrifia immédiatement, prévenant que le prochain ferait perdre 50 points à sa maison. Victoire leva les yeux au ciel, pensant intérieurement que cela ne servirait à rien mais bon, c’était son point de vue. Le projecteur se mit en route et aux premières notes, Victoire ferma les yeux et se boucha les oreilles. Elle avait vu ce film, quelques années plus tôt. Avec sa mère qui voulait la sensibiliser à la douleur humaine. La jeune Weasley avait été malade pendant des jours et des jours aux vues des horreurs racontées dans ce film. Elle savait qu’elle ne supporterait pas une deuxième fois.

Le temps lui semblait bien long quand, enfin ! la lumière s’alluma, dévoilant les poings crispés des garçons ou les larmes des filles. Il y avait aussi des garçons qui essayaient vainement de cacher les trainées argentées sur leurs joues mais ça ne marchait pas.

Qui peut me dire quels sont les facteurs que l'on retrouve dans cette vidéo?
Violence? Souffrance? Trouvez-vous ces jugements humains? Moraux? Auriez-vous faire pire? Moins cruellement subir ce châtiment? Expliquez-moi ce que vous ressentez.

Personne ne prit la parole et Victoire ne voulait pas être la première. Surtout pas sur ce film. Mais le silence s’éternisait dans la salle alors la blonde se leva et parla, d’une voix blanche et sans que la moindre émotion ne pointe.

Violence inutile, souffrance profonde et injuste. Franchement, je ne vois pas l’utilité de faire preuve d’autant de violence gratuite. C’est immoral. Je ne pense pas que j’aurais pu faire pire, mais peut-être que je n’aurais pas fait mieux. Mais en ce moment, je ne comprends juste pas.

La jeune fille se rassit, les yeux dans le vague. Aurait-elle fait mieux ? Ou pire ? Elle n’en savait strictement rien et ne voulait pas savoir. Ce dont est capable l’être humain est absolument immonde.