Encore un matin, un matin pour rien.
Encore un matin sans raison ni fin.

Les paroles de cette chanson populaires parmi les moldus résonnaient dans ma tête alors que je venais d'ouvrir les yeux. Le silence régnait dans le dortoir des Gryffondors pourtant, j'étais sûre et certaine que j'avais entendu cette chanson résonner quelque part. Peut-être à la maison. Maman tenait à garder un côté français dans la chaumière aux coquillages. Oui, ça devait être là que j'avais entendu cette chanson pour la première fois. Comment s'appelait-il, déjà ? Jean... Jean-Paul... Jean-Jacques... Qu'importe ! Je secouais la tête en me frottant les yeux, tentant vainement de faire sortir la ritournelle de mon esprit.

Le contact de mes pieds avec le sol froid me réveilla un peu plus mais toujours, l'air de la chanson tournait dans ma tête. J'espérais vivement qu'une bonne douche suffirait à le faire partir. Je pris mes habits et dévalais les escaliers vers la salle de bain. Pas celle des préfets. Je n'y allais plus depuis l'incident. Et je ne pensais pas y retourner un jour. Bientôt, l'eau coula sur mon visage, rafraichissante et brûlante à la fois. Ca faisait vraiment du bien. Pourtant, je n'arrivais pas à me défaire de cette chanson. Et je commençais à en avoir assez ! Je coupais l'eau et m'enroulais dans un grand linge. Les cheveux dégoulinants, je les sêchais d'un coup de baguette.

Quelques minutes plus tard, j'enfilais mon jean slim et mon T-shirt blanc. Mes cheveux, bouclés selon mon humeur, descendaient sur ma poitrine et je posais une légère touche de mascara sur mes cils. On était quel jour, déjà ? Je ne me rappelais pas ce détail. Haussant les épaules, je rejoignis mon dortoir et posais mon pyjama sous mon coussin. Je passais à la Grande Salle et pris une assiette avec deux petits pain et de la confiture avant de monter à la volière prendre mon courrier. En courant, je retournais à l'intérieur et me baladais dans les couloirs en lisant mes lettres. Une de mes parents, une de mon oncle et une sans signature.

Je fronçais les sourcils et m'assis contre un mur, dans un couloir sans passage. Jamais personne ne venait ici. C'était toujours calme. Bref, le coin idéal quand on veut être tranquille et lire son courrier. Comme moi, aujourd'hui. Je pris le journal, ignorant ou plutôt, tentant d'ignorer cette foutue chanson qui ne m'avait toujours pas quittée. Je m'assis donc, pris le journal du jour et commençais à le lire, ne levant pas les yeux sur les très rares personnes qui passaient devant moi.

Le temps passait presque lentement quand on est assis dans le couloir, ou dans un coin tranquille. Pas que ça me dérange, loin de là. Mais j’aimais aussi quand c’était animé et joyeux. Je ne levais même pas les yeux de mon journal lorsqu’un fantôme passa devant moi pour la cinquième fois en moins d’un quart d’heure.

Bouh

Je sursautais violemment, envoyant valser mes lettres sur le sol et ma baguette glissa dans ma main en pur reflexe. Je vis un jeune garçon, brun, visage d’ange et caractère de me… cochon. Mon petit Raphaël. Mon joli cœur, comme j’aimais l’appeler. Je lui tapais le bout du nez avec ma baguette. Je regardais la salade qui était dans sa main, les barres de Twix et de Mars qui dépassaient de sa poche et j’éclatais de rire.

Petit-déjeuner rapide ?

J’aimais beaucoup ce Serpentard. En fait, j’aimais bien les Serpentards. J’étais bizarre… Les autres maisons ne les aimaient pas et moi, petite vélane blonde de Gryffondor, ça ne me gênait pas du tout de trainer avec eux même si je savais qu’ils étaient des partisans du Mage Noir. En fait, je me fichais pas mal de leur opinion politique tant qu’ils étaient sympas et qu’ils ne m’agressaient pas.

Ça fait longtemps, dit-donc. Comment vas-tu ? Du neuf à me raconter, joli cœur ?

Je reculais d’un pas, évitant sa baguette. Je savais qu’il détestait ce surnom, c’était bien pour cette raison que je l’utilisais à tout bout de champs. Moi, sadique ? Mais non…. Je me demandais parfois si je n’aurais pas dû aller chez les Serpents. Mais bon, le Choixpeau en avait décidé autrement et ça ne me dérangeait pas plus que ça.

Je dévisageais Raph et me demandais s’il n’était pas malade. Il était pâle. Enfin, plus que d’habitude, et avait presque un teint maladif. Je posais un rapide baiser sur sa joue et regardais son étonnement en retenant un rire. J’adorais jouer. Et lui aussi. Il était un bon petit Serpentard et ça me faisait rire. Il me faisait penser à Lysander. Enfin, au gentil Lysander.