« -Qu'est-ce que tu as fait maintenant?»

Quelle belle journée !! A force de faire la folle avec une amie Gryffondor, je m'étais fait chopée par Rusard... Résultat, une heure de colle !! Ouais !! Je savais que Laïla était dans le même cas que moi et je me réjouissais déjà de devoir nettoyer les trophées avec elle. Je me demandais qui, des trophées ou de nous, allaient être les plus trempés à la fin de la journée.

Mon réveil n'avait pas sonné et, pour la première fois depuis quelques semaines, je n'avais pas fait de cauchemards. Ma nuit avait été douce et reposante. Quel bien ça fait ! Et, bien entendu, j'étais en retard pour ma retenue. Je sautais dans un slim, enfilais mon pull à la hâte, donnais un coup de brosse à mes cheveux en mettant des baskets et filais en courant à la salle des Trophés. Laïla était déjà là, les seaux nous attendaient sagements. Plus pour longtemps.

Qu'est-ce que tu as fait maintenant?
Une petite course-poursuite dans les couloirs... Pourquoi ? Il ne faut pas ? Et toi, d'abord ?

Je riais déjà. Je me demandais bien ce qu'elle avait pu inventer pour se retrouver en retenue. Je plongeais les mains dans un seau, attrapais un linge et me mis à nettoyer la première rangée. Trop sage. Mais je guettais le moment idéal pour lancer l'assaut. Tout en écoutant la réponse de ma meilleure amie.

Repassant la scène dans ma tête, je ne pus m'empêcher de rire. C'est vrai que nous avions fait fort. Et que c'était hilarant ! Bon, en même temps, on l'avait bien cherché, cette colle. Et elle nous avait bien trouvé. Sauf qu'ils nous avaient séparé... Dommage, je nous voyais bien tous les trois en train de nettoyer les trophés.

Quoique ta situation fut débile, ça ne peut pas battre le coup traditionnel des bombes puantes, détecteur de mouvements, dans les armures des couloirs du 2e.
J'avoue, c'est le mieux !

Ceux qui avaient fait le programme des retenues devaient se mordre les doigts. S'ils avaient remarqué leur erreur. Nous mettre, Laïla et moi, ensemble pendant une retenu n'était de loin pas la meilleure idée de ces derniers siècles.

Je frottais les trophés avec l'eau d'un rouge... pas net du tout en regardant Laïla, de temps en temps. L'eau n'allait pas tarder à voler dans la pièce mais je sentais que mon amie avait quelque chose à me dire. Je ne savais pas encore quoi mais je m'attendais à tout, après ce magnifique article de notre chère Miss. Je ne me trompais pas.

Dis Victoire, toi et Lysander... C'est quoi l'affaire? Tu n'as pas l'air dans ton assiette ces derniers temps, et j'essaye de mettre le doigt dessus.
Je ne vois pas de quoi tu parles... Non, je t'explique... On est juste un peu... un tout petit peu... amoureux.

Je sentais distinctement mes rouges virer au rouge vif et je baissais les yeux, gênées. Non seulement elle me connaissait assez pour savoir que si je disais "amoureux", c'est que ça voulait dire amoureux. Ensuite, elle avait vu que j'avais changé. Mauvais, ça !

Ma Laïla sembla partir dans ses pensées. Je me demandais si elle pensait à mon cousin préféré. Je savais de source sûr qu'ils s'étaient embrassés mais je me devais de lui poser la question, pour la forme. Pour le moment, elle avait réagit à ma réponse.

Eh bien... Maintenant que tu le dis, ça m'apparaît presque normalement... Est-ce que votre relation...est sérieuse?

J'éclatais de rire. Sérieuse ? Alors que nous sommes tous les deux de grands joueurs ? Je ne savais pas la réponse. Vraiment, je n'en avais aucune idée. La façon dont il était parti, les mots qu'il avait dit en sortant de la salle. Toutes ces pensées flottèrent dans ma tête un instant mais je les chassais aussi rapidement qu'elles étaient venues.

Je ne sais pas, franchement. Lorsqu'on est ensemble et que tout va bien, oui, je dirais que c'est sérieux. Mais lorsque les conversations dérapent un peu, on dirait qu'il a peur... Et moi aussi, d'ailleurs.

La phrase, une des dernières phrases qu'il m'avait dit m'obsédait, littéralement. Je refusais d'y penser, mettant de côté toutes les pensées qui concernaient Lysander.

Et toi ? Avec mon cousin ?

L'air surpris de Laïla me fit comprendre qu'elle avait oublié que Albus était mon cousin. Elle sembla réfléchir à une réponse cohérente mais ce qu'elle dit me surpris encore plus.

Rien...rien du tout

Je posais le chiffon sur le sol et la dévisageais. Rien du tout ? Attend, c'est quoi cette réponse ? Je veux des détails, moi ! Et pourtant, quelque chose me chuchotait de me taire et d'écouter la suite.

-En fait, il y a quelque chose de nouveau entre nous, mais c'est probablement rien. Et surtout, je ne veux pas que ça affecte notre amitié...

Ses yeux se remplirent de larmes et une goutte salée coulant le long de sa joue. Oula ! Je savais que l'amour était compliqué, la preuve avec Lysander. Mais là, c'était très bizarre. Quelque chose de nouveau qui la fait pleurer alors qu'elle devrait sauter de joie ? C'est pas très logique, tout ça. Je courrais vers elle et la pris dans mes bras.
Elle se laissa aller contre moi et je lui carressais doucement les cheveux, lui murmurant des mots réconfortants à l'oreille. Je ne comprenais pas tout mais les explications viendraient bien assez tôt.

Explique moi tout, ma belle.

Je me laissais tomber sur le sol, l'entraînant avec moi et je me mis en tailleur. L'une en face de l'autre, comme au bon vieux temps. Ca faisait trop longtemps qu'on ne s'était pas faufilées dehors pendant la nuit, qu'on avait pas courru dans les couloirs en animant les armures, qu'on avait pas discuté, tout simplement.

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