DIX. C’était le moment, le moment de faire ce qu’ils devaient. Le moment où ils allaient devoir prendre leurs jambes à leur cou et courir le plus vite possible sans déraper dans les couloirs, sans tomber. Sans se faire rattraper. NEUF. Les doigts du jeune homme se refermèrent sur sa baguette. Il allait devoir être vif, rapide, et efficace. Il savait l’être. Mais avec une personne avec qui il n’avait jamais fait de connerie il ne savait pas comment réagir. HUIT. Un regard vers la pile de livre en équilibre précaire sur la porte entrouverte du bureau du concierge. SEPT. Une respiration, lente et régulière pour se préparer à ce qui les attendaient. SIX. Un regard amusé vers sa cousine, ils n’allaient pas tarder à devoir courir comme des tarés. CINQ. Un sourire commun, à provoquer le concierge comme cela, c’était à ce demander s’ils n’avaient rien d’autre de mieux à faire de leur temps libre. QUATRE. La main du brun vint prendre avec fermeté la main de sa cousine. TROIS. Un dernier regard amusé. DEUX. Une pression supplémentaire sur la main de sa cousine. UN. Un sourire d’encouragement. ZERO.

BAM ! AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARG’ !

Un éclat de rire s’échappa de la bouche d’Albus alors que celui-ci appréhendant le moment propice s’était élancé dans une course folle en tirant sa cousine par la main. Il allait à une allure soutenue dans les différents couloirs du château. Ils devaient se planquer, comme prévue le concierge était sortit pile au moment prêvu et toute une pile de livre intituler comment apprendre la magie ainsi que la magie pour les nuls et toutes sortes de titre les plus saugrenus les uns que les autres lui était tombée dessus. Un hurlement de rage avait alors secoué le concierge qui c’était élancé, vif à leur poursuite. Heureusement pour eux ils avaient l’avantage de l’endurance. Un geste un peu trop vif vers la droite fit que le jeune homme glissa pour s’étaler de tout son long sur le sol froid. Mort de rire, Albus sentit une pression sur sa main et avec l’élan de sa cousine, il se releva bien vite. La remerciant d’un sourire amusé, ils poursuivirent leur route. Petit à petit ils finirent par distancé le concierge.

Albus tira vivement sur la main de sa cousine pour l’entrainer dans une salle désaffectée entrouverte. Se jetant dans la salle comme sur une issue de secours les deux jeunes gens refermèrent derrière eux avec un sourire mesquin. Il se regardèrent puis éclatèrent de rire avant de s’assoir à même le sol contre la porte de bois. Un bruit dans la salle leur fit stopper net leur fou rire. Ils n’étaient pas seul. Se relevant vivement Albus observa la salle en mauvaise état. Une chevelure blonde apparut, reconnaissable entre mille. Victoire! Albus eut un rire nerveux.

« Victoire ! »

Encore un matin comme les autres. Vraiment, réviser en vue des ASPICS, c’est d’un ennui mortel. Même si Victoire était en sixième, cela ne voulait pas dire qu’elle devait croire qu’elle avait le temps. Le temps passe toujours trop vite et, avant même qu’on s’en rende compte, on se retrouve le jour des ASPICS sans avoir rien révisé. Alors autant s’y prendre à l’avance. Comme une bonne petite Gryffondor. Ou comme sa tante, reste à voir. Bref, en tout cas, la blonde avait mis son réveil à huit heures du matin, faisant grogner toutes les filles du dortoir. Elle s’était levée, douchée et habillée avant d’aller prendre son petit-déjeuner, encore à moitié endormie. Tellement endormie, en fait, qu’elle avait foncé dans Alessandra avant d’aller s’asseoir à sa place, s’était servie une tasse de jus de citrouille plutôt qu’un café noir et avait trempé son croissant dedans avant de se rendre compte de son erreur.

Avec une grimace digne de son oncle Ron, elle avait changé de tasse et de croissant. Allez hop, un café noir et un croissant pas imbibé de jus de citrouille plus tard, elle remontait dans la salle commune pour prendre ses livres et filer dans une salle abandonnée. Quoi de mieux qu’un endroit désert pour étudier tranquillement ? Rien, je vous le dis petits lecteurs. Victoire marcha un petit moment avant de trouver une salle assez éloignée du bruit mais pas trop loin d’un endroit fréquenté. On ne sait jamais, avec ce foutu mage noir qui traine partout… Victoire s’installa donc, jetant ses livres sur plusieurs tables, les triant par matière et degré de difficulté. Elle en avait facilement pour toute la journée et avait prévenu ses amis qu’elle ne serait certainement pas disponible avant le repas du soir.

La jeune fille se plongea tellement dans ses révisions qu’elle ne leva les yeux de ses livres que quand elle entendit un grand fracas, quelques couloirs plus loin. Intriguée et légèrement parano depuis quelques temps, elle se leva, fit disparaitre ses livres dans son sac magiquement extensible et, la baguette à la main, se cacha derrière les tables. Elle entendit des éclats de rire puis, comme par hasard, les joyeux ados entrèrent dans la salle où se trouvait Victoire. Levant les yeux au ciel en reconnaissant les deux rires, Victoire sortit de sa cachette et rangea sa baguette.

Victoire !

Albus, Rose ! Qu’est-ce que vous avez encore fabriqué ? Non, laissez-moi deviner… Vous avez… fait tomber un truc sur le concierge, pour changer un peu

Vu le fou rire que Rose se tapait, Victoire était quasiment sûre de ne pas se tromper. Et puis, connaissant son cousin, c’était plus que probable. Victoire haussa un sourcil, attendant une réponse, mais Rose était trop prise dans son fou rire. Fou rire contagieux, d’ailleurs, vu qu’Albus se tenait le ventre et qu’un sourire tirait lentement mais sûrement les lèvres de la blonde. Elle s’assit en face de sa cousine et, en riant, lui demanda de tout détailler pour qu’elle puisse refaire cette bêtise avec eux. A deux, c’est bien de faire des conneries. A trois, c’est plus dangereux et donc, plus grisant ! Et surtout, Victoire s’ennuyait à mourir en révisant toute la journée.