Les mains dans les poches, le corps raide, le regard caché sous le rebord de son chapeau, méprisant à souhait, en une journée, Max s'était déjà forgé une certaine réputation. Une semaine qu'il était à Poudlard, et puis deux heures de cours. Content? Pas vraiment...mais quelque sentiments s'y rapprochant, effectivement.
Ses yeux verts balayèrent une seconde la salle de classe, puis il se concentra sur son itinéraire. Ancien Serdaigle, il connaissait le chemin pour se rendre aux tours, et ce fut presque avec décéption qu'il dût plusieurs fois changer de cap, ses automatismes d'élèves le poussant à se rendre aux dortoirs bleus.

Le chapeau tournant entre ses doigt habile, en un mouvement presque stressé, le jeune professeur entra dans la salle désaffectée, où l'attendait déjà le jeune homme blond de Serpentard. Dès qu'il posa le pied dans la salle, toute les lumière s'allumèrent d'autant plus, et il croisa une seconde le regard du jeune Serpentard. Comme il les avaient hais, lorsqu'il était élève. Ces jeunes gens, si sûrs d'eux, tellement arrogants... Il les admiraient, pour parfois leur facilité de langage. Il sourit.

Longeant la table du jeune homme, Max posa deux doigts sur le meuble, et réfléchit, s'éloignant. Il n'avait pas de difficulté à parler. Plus, de comprendre pourquoi parler. Il se savait capable de débiter un cours de 300 heures, si c'était utile. Et ces deux premiers cours avaient été intéressants. Parce qu'il avait compris que s'il voulait enseigner il devait parler. Ca s'appellait l'échange. Mais par contre.... s'il voulait se faire respecter...là, il avait toutes les lois du silence à sa disposition.

« Mr Stevenson.... »

Il ferait un effort, il parlerait. Chace serait le premier à l'entendre parler. Quel honneur....

« Vous n'êtes pas tout permis, ici. Je n'aime pas parler. Et sachez que déjà, cette discussion que je pensais il y a quelques secondes, enrichissantes... devient un fléau. »

Il ferma la bouche. Non, franchement, il n'y arrivait pas. Passer 4 ans dans le mutisme total l'avait apparemment déstiné à rester silencieux pour toujours. Il avait gagné de nombreuses choses. Mais aussi une terreur.

PRENEZ VOS AFFAIRES. ET ECRIVEZ JUSQU'EN AVOIR MAL. RECOPIEZ LA PAGE 394 « SORCIERS ET SORCIERES CELEBRES » LA DOULEUR EST AUSSI UN APPRENTISSAGE.

La craie s'était élevée, et avait frappé le tableau de la salle dans son cliquetis régulier. Max, silencieux, s'était assis sur le bureau, les jambes dans le vide, le regard vague, comme ne portant déjà plus d'intérêt à l'élève, ses doigts repliant inlassablement le bord du chapeau de paille.

Il arriva très peu de temps après moi, le chapeau entre les doigts. Chapeau qui tournait nerveusement. Chapeau hypnotisant que l’on avait envie de prendre et de toucher, de jouer avec comme il le faisait. Chapeau auquel il semblait tenir énormément. Si je devais lui faire pêter un câble, j’avais déjà trouvé le moyen parfait. Bref, il entra, allumant les lumières sur son passage. On aurait presque dit une apparition divine ou quelque chose dans le style. C’est vrai qu’il était plutôt charismatique comme prof. Mais pas au point de le comparer à une divinité ! Son regard croisa rapidement le mien et il contourna la table.

Mr Stevenson.... Vous n'êtes pas tout permis, ici. Je n'aime pas parler. Et sachez que déjà, cette discussion que je pensais il y a quelques secondes, enrichissantes... devient un fléau.

Sa voix douce et chaude semblait éraillée. Depuis combien de temps n’avait-il pas utilisé ses cordes vocales ? Entendre sa voix fût comme un choc, pour moi. Jamais, en classe ou dans les couloirs, je ne l’avais entendu prononcer un seul mot. Et là, il venait de dire quatre phrases. Tout n’était peut-être pas perdu, qui sait ? Ce prof avait peut-être une voix, comme tout le monde. Une craie apparue et écrivit rapidement, sauvagement, les pensées de Max. Il n’avait pas tenu longtemps.

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Je le regardais un instant jouer avec son chapeau et pris ma plume, la trempais dans l’encre, ouvrais mon livre d’une main en déroulant mon parchemin de l’autre et commençais à réécrire le livre des Sorciers et Sorcières célèbres, sans relever la phrase philosophique de Mr Max. Le silence envahi la pièce. Silence reposant. Silence de travail. Silence relatif. Le léger grattement du bec sur le papier, le froissement de la paille sous les doigts du professeur. Le roulement du temps qui passe.

Je fermais les yeux un instant, les rouvris rapidement, pris mes parchemins et les comptais. Cela faisait plus de vingt minutes que j’écrivais inlassablement. J’arrivais à cinquante pages. Je savais que j’écrivais vite mais quand même. Je commençais à avoir mal au poignet, à la tête et au dos. Rester penché des heures sur une feuille n’avait jamais été mon truc. Alors pour une colle ! Il ne faut pas rêver.
Je commençais à refermer ma bouteille d’encre quand le chapeau négligemment posé en face de ma main attira mon regard. Je posais ma plume, m’assurais de ne pas avoir d’encre sur les doigts et pris le chapeau dans mes mains pour l’observer de plus près. Je n’avais même pas regardé où était passé Max. La texture de la paille me rappelait le champ autour de ma maison. Je souris.

Le cliquètement de ses talons contre le bois du bureau. Le mouvement rotatif, inlassable, entre ses doigts. L'écoulement progressif des minutes. Max releva lentement la tête. Stevenson écrivait vite. Et gardait le silence. C'était bien. Il sourit.
Sans un bruit, il descendit au bas du bureau, et passa près de l'élève. Son écriture soignée, légèrement pointue, était agréable à regarder. En tout cas, le jeune Serpentard devait être captivé par son travail, parce qu'il ne leva pas une seconde les eux sur la silhouette penchée du professeur. Tellement penchée que le chapeau chuta de son crâne, et tomba en silence à côté de l'élève. Maximilian blêmit, puis soupira. L'élève n'avait pas remarqué, tout à fait plongé dans son travail. Il n'allait pas lui demander d'arrêter pour récupérer son chapeau.
Dilemme.

Max s'assit sur le bureau. Ses yeux étudiaient l'élève. Allez, soit sérieux, et honnête. Pourquoi avoir laisser le chapeau? Ses doigts le démangeaient, et il se faisait force pour ne pas le récupérer tout de suite. Peut être pour voir combien de temps le gamin allait mettre avant de le toucher? De toucher SON chapeau?
Un éclair fugitif passa sur les lèvres du jeune homme. Ses talons se remirent à frapper avec une insistance douce le bois du bureau.

Chace releva les yeux, et après une courte reflexion, prit délicatement le chapeau. Max, silencieux, releva alors les yeux sur lui. Silence. Pourquoi ce sourire sur les lèvres du jeune homme? Max sentit son calme le quitter doucement. Non, mauvaise idée que de tester l'élève. Il sentait que s'il ne le récupérait pas, ce couvre chef allait finir en morceaux. Pourquoi? Parce que quelque chose de malsain se lisait dans les prunelles de Chace Andrew Stevenson.

« Rendez le moi, s'il vous plait. »

Les craies, automatisme de sa magie, frappèrent toutes les ardoises aux alentours. Les yeux de Max se plissèrent quand il vit que l'élève ne répondait pas à sa demande. Il tendit la main.

« Tout de suite. » 

Quatre ans de le silence était aussi synonyme de quatre ans dans l'écoute. Comment formuler sa voix pour la rendre plus puissante, plus agressive? Max releva son regard d'aigle sur le Serpentard.

Stevenson releva des yeux froids. Presque indécis, toutefois. Max, lui, savait ses propres prunelles soudainement furibondes. Un regard sur la droite, et il lut la phrase de Chace. Une colère naquit dans son ventre, et brusquement, sa main raffla le chapeau. Brusque, certes. Mais la colère de voir cet élève se moquer de lui. Il ouvrit ses lèvres, prenant bien le temps de visualiser ses mots.

« On ne me copie pas. On ne me vole pas. Ou bien, on s'excuse. »

Max savait parfaitement que Chace était trop fier pour s'excuser. Sa main s'aplatit sur le bureau, et il pencha son échine, courbé au dessus de la table, fixant Chace, l'étudiant, l'analysant, se demandant jusqu'où était capable d'aller cet élève.

Plus tôt dans l'après midi, il avait soigneusement épluché le dossier du jeune serpentard, notant que c'était un sadique, un joueur, et qu'il appartenait à une famille dont les idéologies seraient plus portées vers celles de l'actuelle menace, ce nouveau mage noir. Stevenson était aussi une composée pour la plupart de « Sang-Pur » Ce genre de sorcier se prétendant au dessus de la moyenne, et fortement capable d'adhérer aux Forces Noirs.

Max se releva lentement, le regard beaucoup plus calme, soudé à celui de son élève. Son regard qui s'était fait si intense, qui brûlait, parlant tellement pour lui, des fois.

REPRENEZ VOTRE TRAVAIL, CHACE ANDREW STEVENSON.

Il leva la main, et comme un Vif d'Or étourdi, une craie vrilla dedans, se calant dans sa paume. Il sourit doucement, moqueur.

« Et veillez à ce que ce soit bien clair... vous souhaiteriez peut être rentrer dans ce bouquin, vu votre parcours.... Scolaire... »

Les prunelles vertes de Maximilian lachèrent quelques secondes, à regret, le visage de son élève, pour lire le message qui naissait encore, irritant, sur l'ardoise.
Ses mâchoires se crispèrent imperceptiblement, mais ses paupières se plissèrent largement, réduisant son regard vert à deux fentes de chat. Il ne fit aucun commentaire, se contentant de reporter son attention, extremmement aiguisée, sur Chace. Ce dernier se leva et sans un mot, s'étira, et rangea ses affaires.
La moue dubitative, il étudia le visage du jeune Serpentard, la colère froide et presque justifiée qui se lisait dans ses yeux, la colère et la nervosité qui modelait son ton sec et sa respiration agressive. Pourquoi pétait il un câble comme cela? Maximilian sourit.

Chace se retourna vers le jeune professeur. Ce dernier, les yeux fermés, avait baissé légèrement le visage, orientant sa nuque, tendue vers le sol. Silence. Le poignet du jeune homme émit un mouvement trop rapide pour que son élève puisse le décrypter totalement. Dans un claquement parfaitement sinistre, la porte se vérouilla, et définitivement.

Rouvrant lentement les yeux, Maximilian laissa la colère entrer en symbiose avec la raison. Réfléchir. Ce jeune se mesurait à lui. L'étudiait, cherchait ses limites. N'avait pas conscience de la musique qui se tramait en cet instant dans la tête de Max Vlad' Halbermond, demie lune. Il sourit. Chace n'avait put se laisser impressioner? Très bien, le coup de la porte. Max l'avait enfermé. Et c'était tant mieux.

Un sourire s'étira lentement sur ses lèvres. Combien de minutes? Combien de minutes s'étaient écoulées depuis? Les yeux verts de Max étaient plongées, se noyant volontairement dans celle de Chace, sachant perfidement que c'était la même chose pour son élève. Sans le moindre mot, il s'avança. Chace ne réagissait pas, certainement trop captivé. Un vague sourire flotta sur ses lèvres. La distance entre eux deux se réduisirent rapidement. Etaient ils tous deux déconnectés? Max usait en cet instant précis d'une technique de ….magie, ancestrale. C'était plus qu'une magie, c'était une utilisation des énergies internes. Le Muu. La voie du Démon. Le vide en soi, ne plus rien ressentir, comme si on acceptait la mort.... mais garder la chaleur du corps, les battements du coeur; le flux sanguin...oooooh ouiiiii, comme ça devait être étrange, de voir, de sentir un cadavre chaud s'approcher de vous... un être sans sentiment, qui se refusait l'humanité, pour quelques secondes...comme Chace devait ne pas comprendre ce qui se passait...

Les doigts pianistes de Max se tendirent. Effleurèrent le tissus du pull de Chace Stevenson. Voilà, plus de distance. Les prunelles émeraudes d'Halbermond étaient toujours emprégnées dans celles de Chace, et rien ne brisait la connexion. Les doigts remontèrent jusqu'au sternum, sans la moindre difficulté, effectuèrent une très légère, très subtile pression, qui le poussa contre le mur. A peine quelques centimètres de différences... Maximilian laissa ses yeux dériver quelques instants sur le visage de Chace, puis posa ses deux mains sur les machoires du Serpentard. Ferma doucement ses yeux, et effleura le nez du Serpentard via le sien. Ils étaient un peu trop proches, désormais. Chace semblait tétanisé entre ses bras.

« Silence. »

Le mot interdit. Le mot qu'il s'interdisait de dire en dehors des occasions pareilles. Le mot qui imposait son essence.
Ses dents entrouvrirent lentement les lèvres charnues de Chace, laissant sa propre respiration s'engouffrer avec une précipitation contrôlée. Son torse qui s'enflammait, ses paupières qui s'ouvrirent une dernière fois pour capter le regard de son élève, de sa proie, de l'agneau serpent, puis ses lèvres qui se mêlerent au siennes...

Il est amusant le temps qui semble se stopper lorsque les actions s'en découlant sont imprévisibles. Autant pour l'esprit que pour le corps.
La nuque de Max laissa courir un instant un frisson bref quand les doigts de Stevenson se posèrent dessus, et que leurs étreinte ne s'en trouvait que resserrée. Des minutes ou des secondes, qui sait? Mais intenses. Le front de MAx se posa sur celui de l'élève, et doucement, il recula, échappant comme un papillon aux flammes séductrices.
Son regard se posa une seconde sur l'élève qui semblait profondément désemparé. Lui, ne l'était pas. Ni même gêné. Juste avide de comprendre pourquoi l'élève s'était fait ainsi prendre à son jeu. Excellente question. Les yeux détournèrent une seconde leur objectif, puis, il vint s'adosser au mur à côté de Chace. Stevenson, une lignée de sang pur. Il y avait aussi Angela Marie, la cousine de ce damoiseau... L'allemand sourit. Les pensées se mêlerent dans son esprit, faisant à peine une disctinction entre sa langue natale et l'anglais. Aussi, quand il parla, ile fut même pas surpris de voir l'élève le regarder étrangement.

« Chace. Veillez à bien vous comporter, désormais. Soyez un peu plus fort que cela. »

A tout hasard, il avait parlé allemand. En tout cas, la porte qui s'ouvrit pour l'élève ne fit aucun équivoque sur sa demande. Il laissa un sourire flotter sur ses lèvres, tendrement, en croisant le regard de l'élève.