Encore une fois, la nuit avait été longue. La neige était tombée toute la nuit et je n'avais pas pu sortir. Les couloirs du troisième étage n'avaient plus aucun secret pour moi. Mes insomnies étaient de retour. En fait, elles n'étaient jamais parties. Et elles n'étaient pas prêtes à m'abandonner. Je me demandais bien pourquoi elles s'acharnaient sur moi mais elles ne me répondraient pas si je leurs posais la question. J'étais sortie de mon lit alors que les autres filles étaient à peine endormies, j'avais sauté dans mes chaussons et j'étais parti. Avec ma baguette et la carte très utile de mon oncle. Les passages secrets ne l'étaient plus depuis longtemps. Le problème, c'était que la naige tombait depuis bientôt trois jours et la blancheur glacée atteindrait bientôt le mètre.

La nuit avait passé, laissant poindre le jour. La lumière teintait la neige d'un bleu doux presque aveuglant. Mes pieds me guidèrent dans mon dortoir et je me glissais dans mon lit avec délice. En même temps, à six heure trente, je trouve que c'est une bonne heure pour aller au lit. Non ? Mon emploi du temps semblait spécialement aménagé pour que je puisse faire ce que je veux la nuit et me lever le plus tard possible. Je trouvais ça très drôle alors que mes amies trouvaient ça dégeulasse. Je ne voyais pas vraiment pourquoi, mais bon. Mon réveil sonna quelque heures plus tard. Peut-être même un peu trop tôt. Je décidais d'aller à un endroit où je n'étais pas censé aller. La salle de bain des prefets. Un moment de relaxation dans la baignoire qui ressemblait plus à une piscine serait le bienvenu. J'attrapais mes affaires et sortis de la salle commune.

Les escaliers furent dévalés à toute vitesse. J'espérais que la salle de bain était libre. Je ne me rendis compte que j'étais bientôt arrivé à destination quand je fonçais dans un mec que je ne connaissais pas. Ca devenait une abitude, de foncer dans les gens ! Je levais la tête et vis que c'était Chace Stevenson. Génial... Le plus sadique des Serpentards, à ce qu'on disait. Mais alors, quel beau gosse ! Des cheveux blonds, mi-longs, des yeux magnifiques... Bref, une jolie proie ! Mon sourire de vélane étira mes lèvres et je vis son regard se troubler légèrement. Alors, Lysander... C'est qui qui va être jaloux ?

Salut Chace ! Tu fais quoi ici ?
J'allais prendre un bain... Je te retourne la question, Weasley
La même chose ! Tu viens ?

A ma grande surprise, il sourit, hocha la tête de m'entraina dans la salle de bain après avoir prononcé le mot de passe. D'ailleurs, comment il le connaissais ? Bref, c'était un détail. En riant, je me laissais faire et la porte se referma derrière nous. J'espérais vraiment que la fameuse Potin ne trainait pas dans les couloirs sinon, les rumeurs allaient courir plus que vite ! Je me rendis compte que la salle de bain n'était pas vide lorsque je repoussais Chace pour observer l'énorme salle où nous étions. Et là, je vis Lorcan... Dans le bain... Génial.

Salut Lorcan ! On te dérange ?

Je rebouchais le robinet en silence, d'un brusque mouvement du poignet, en entendant soudain la porte principale de la Salle des Préfets. Réaction. Ma baguette se retrouva dans ma main en moins d'une seconde. Je me plaquais contre le mur.

Flash Back.

Lysander marchait les mains dans les poches, en silence. Ses yeux froids balayaient constamment les horizons. Enfin, en même temps, il était un peu tôt pour expliquer le fait qu'un élève de cinquième année, à Serpentard, se retrouve en dehors de son lit. La cape noire suivait en silence le mouvement de ses foulées nerveuses, et une ambiance électrique se dégageait de son regard.
Scamander parvint rapidement en face de la salle de bain des Préfets. Il ferma rapidement la porte, ne prêtant aucune attention au décor magnifique et à la luminosité éclatante de la lune couchante, se refletant sur les fenêtre, et les spectres lumineux envahissants la pièce de plusieurs centaines de mètres carré. Lysander se tourna vers une silhouette, accoudée de telle manière contre un mur, qu'elle aurait put paraitre invisinle pour n'importe qui d'autre, sauf pour justement, le jeune homme blond qu'était Lysander.
_Je savais que tu déprimais ici, Lorcan.
L'adolescent ne répondit rien, tournant entre ses doigts la plume d'oie, et un parchemin totalement vierge. Lysander soupira et s'approcha de lui.
Un sourire.
_Et si je te coupais les cheveux?

Fin du Flash Back.

La respiration controlée, je m'avança encore un peu contre le mur. Dans le robinet, les mèches blondes. Je fusais l'air de sa baguette.
_Accio baguettes des deux!
Les deux arrivants se retrouvèrent immédiatement désarmés. Victoire se retourna vers moi, totalement ahurie, tandis que Stevenson, le regard sombre, crispait les points.
_Victoire. La dernière fois, quand nous étions à Londres. Qui a fini la glace d'Elyo?
Puis, furibond, je me tournais vers Stevenson.
_Le nom de l'élève qui t'a attaqué hier soir dans la salle commune, et ce que je t'ai dis suite à cela!
Ils me donnèrent tout les deux la réponse, stupéfaits par mon bras tremblant de colère, et mes yeux glacés. Puis, quelques secondes s'écoulèrent et je baissais ma baguette, leur rendant la leur.
_Je me méfies des imposteurs...et du Mage Noir.
Mon regard se tourna vers Lorcan. Puis, Victoire me tira hors de ma reflexion, et un sourire peint mon visage.
_Je me suis coupé les cheveux, oui. Enfin, on m'a coupé les cheveux, précisais-je en lorgnant Lorcan.
Mon jumeau, totalement absorbé dans la rédaction de quelques idées sombres, assis, habillé de noir, dans une baignoire vide, ne semblait même pas remarquer qu'il n'étais pas seul. Sa plume, frénétique, grattait le parchemin, et ses yeux fous, comme lorsqu'il entrait en transe, étaient fixes, totalement fixes. Je posais ma main sur son épaule, par simple prudence. Il sursauta et perdit toute concentration, toute intensité. Pourtant, il ne releva meêm pas le regard sur moi, se contentant seulement d'écrire un peu moins vite. J'eus un sourire.
_Tu t'amuse à draguer des fêlés comme lui?
Chace me jeta un regard torve, auquel je répondis par un sourire; j'avais d'autre chats à fouetter, actuellement. Genre, comprendre Lorcan. Et...protéger le monde si jamais Lorcan réinventait la bombe atomique, aussi. Ce serait prudent de l'arreter...enfin, je crois.
_Et vous? Vous faites quoi, là? Un bain?
Je jetais un regard clair sur Victoire, tandis que je rentrais à mon tour dans l'immense baignoire qu'occupait Lorcan. Mes doigts coururent sur les mèches blondes, et il se retourna soudain, son regard bleu, lourd de reproche, se posant avec intensité sur mon visage.
_Je te coupe les cheveux.
Il ne répondit rien, mais le message affirmatif passa de tout son corps au mien, sans réelle...passion. Comme s'il l'avait prononcé à voix haute.
Le ciseau sortit de ma poche, et je m'assis en amazone sur le rebord de la baignoire, avant de remarquer que c'était tout simplement très inconfortable.
Lorcan poussa un espèce de soupir, puis ôta son regard du devoir, et s'assit aussi sur le rebord. Parfait. Je me mit debout. Comme ça, j'étais à la bonne taille!
Le premier claquement et le bruit des mèches coupées résonnèrent dans l'air. Mes yeux se posèrent sur Chace. Monsieur Stevenson prenait vraiment son bain. Très bien. Et Victoire?
Mes yeux se posèrent sur elle, et je retins un rire.
_Tu vas à l'eau? tu peux pas savoir comme ça me ferait plaisir.
Lorcan se raidit avant de jeter un juron violent, puis se mit à barrer plusieurs phrases. Je levais les yeux sur MA Victoire, ignorant Chace.
_Il rédige un délire total sur les cercles. Là, je crois qu'il est sur les points commun entre les deux organes génitaux existants. ...
J'eux un mouvement de sourcil dédaigneux.
J'admirais Lorcan. J'admirais Lorcan pour son intelligence, sa plusoyance, son refus et sa différence. Il semblait vraiment autiste, pour des personnes venant de l'extérieur. Mais je l'aimais plus que tout, sachant pertinnamment qu'il pensait comme moi. Mais de manière beaucoup plus évoluée.
Les mèches blondes continuèrent de tomber, et le silence s'installa. Je ne relevai pas les yeux du crâne blond de Lorcan , tentant par mon simple regard d'y pénétrer. Victoire était entré dans l'eau, apparremment. Une heure entière s'écoula. Puis, Lorcan releva simplement le visage. Des mèches, comme une neige dorée, chuta le long de son visage, et il posa son regard sur la fenêtre représentant une sirène.
_Fini.
Je tendis mes bras, engourdi. Lorcan secoua la tête, et devint Lion fou, sa crinière s'envolant au vent. Il me tendit son parchemin. Putaaaaiiiiiiiin, il écrivait tout petit! Il avait fait...a peu près deux cents lignes! Je poussais un soupir.
_Allez!
Je posais les feuilles, et sans d'autre explication, traversa la courte distance qui me séparait des bassins, et dans un énorme "PLOUUUUUUUUFFFF!!!", bondit dans l'eau.
Silence. Apesanteur.
Je perçais la surface, venant innocemment nager près de Victoire.
_C'est moi où tu as eu la trèèèès mauvais idée de venir dans l'eau toute nue?
Bon d'accord, en même temps, y'avait que moi qui pouvait avoir l'idée de venir habillé dans l'eau. Mais tant que je fixerai son visage, tout irait bien, non? en plus, y'avais des bulles, qui m'empêcheraient toutes pensées de vision perverses. huhuhu.
Je me mis debout dans le bassin. C'est vous dire la profondeur dur truc: Chace plus grand que moi, moi plus grand que Victoire, et Victoire, plus petite que tout le monde, Lorcan faisant exactement la même taille que moi. Je me tournais vers Lorcan, qui était toujours habillé de son énorme manteau noir.
_Du kommst?
Il obéit de manière très lui. Raide comme une planche, il se laissa chuter dans l'eau, pour réapparaitre, une dizaine de secondes plus tard, à ma gauche.
_Lorcan...quand tu t'entraine à l'apnée, marmonnais-je d'un ton paniqué, préviens moi.
Il me sourit, calme à souhait.
_Très belle, Victoire. Dit il simplement en se tournant vers la Vélane.
Chace et moi explosions de rire, très nerveux.

Accio baguettes des deux !

Ma baguette quitta ma main et je vis celle de Victoire faire pareil. Je ne comprenais plus grand-chose. Non seulement, je ne m’attendais pas à trouver quelqu’un à cette heure du matin mais en plus, une vélane ! La fameuse Victoire Weasley ! Ça m’avait bien fait rire. Intérieurement, bien sûr. Mais bien fait rire quand même.
Et voilà, on était entré dans la salle de bain pour prendre un bain. Sauf que ! Bizarre, il y a de plus en plus souvent de sauf que… Apparemment, Lysander Scamander avait décidé, lui aussi, de venir prendre un bain maintenant. Non mais, depuis quand elle a autant de succès, cette salle de bain ? Dans tous les cas, Scamander nous posa une question chacun et je fus assez surpris.

Victoire, la dernière fois que nous étions à Londres, qui a fini la glace d’Elyo ? Stevenson, le nom de cet élève qui t’a attaqué hier soir dans la salle commune et ce que je t’ai dit suite à cela !
De un, c’était pas une glace mais un milk-shake et de deux, c’est Rolf qui l’a fini.
Et moi, je ne me suis pas fait attaquer hier soir… Qu’est-ce que tu racontes ?

Nos deux réponses avaient fusé, passant l’une par-dessus l’autre mais Lysander sembla content. Apparemment, c’était les bonnes car il baissa sa baguette et nous rendit les nôtres. Je détestais être désarmé. Si jamais il s’avisait de refaire ça, je ne pourrais pas jurer de son intégrité physique.

Je me méfie des imposteurs… et du Mage Noir.

Je dissimulais un sourire. Le Mage Noir… Enfin, bref. Victoire sembla se rendre compte de quelque chose et Lysander sourit en répondant à sa question. C’est vrai que, maintenant qu’elle le disait, il me semblait bien que mon frère de maison avait quelque chose de changé.
Je me suis coupé les cheveux, oui. Enfin, on m’a coupé les cheveux.

Victoire leva les yeux au ciel pendant que Scamander lorgnait son jumeau que je n’avais même pas remarqué. Vraiment, ma perception laissait à désirer, ces derniers temps. Lorcan, le Gryffondor, était assis dans la baignoire, habillé d’un long manteau noir. Et bien ! Rien que ça !
Lysander se dirigea vers lui et lui posa la main sur l’épaule. Je ne connaissais qu’eux, comme jumeau, et à chaque fois j’étais intrigué par la compréhension qu’ils avaient entre eux. Non, il y avait d’autres jumeaux, à Poudlard. Wyatt et Peter. Mais je les connaissais bien moins car ils n’étaient pas en même année que moi. Sans pour autant nous regarder, Scamander Serpentard nous parla.

Tu t’amuses à draguer des fêlés comme lui ?J
e ne le draguais pas. Je m’amusais. Et d’abord, t’es aussi fou que lui !

Et pan ! Bien envoyé Victoire ! Cette situation était assez amusante. Mais j’envoyais quand même un regard assassin à Lysander qui me répondit par un sourire. No comment… La question suivante ne mérita même pas une réponse de ma part. Je retirais mes habits et me glissait dans l’eau. Bien sûr que, si on venait ici, c’était pour faire un bain ! Ce n’était pas pour jouer aux échecs, tête de turc. Lysander commença à couper les cheveux de son frère et je me perdis dans mes pensées un moment.

Tu vas à l’eau ? Tu peux pas savoir comme ça me fait plaisir !

Je reconnaissais la voix de Lysander et je savais très bien qu’il parlait à Victoire. C’est vrai que la vélane ne m’avait toujours pas rejoint. Un juron se fit entendre. Lorcan, certainement. Lysander parla mais je me désintéressais de ce qu’il disait, savourant avec délice le bain mousseux dans lequel j’étais plongé. Quelques instants plus tard, Victoire entra dans l’eau. Je n’ouvris pas les yeux avant qu’elle soit totalement immergée, par respect pour elle. Oui, je respectais les filles… Enfin, les filles qui le méritaient.
Weasley vint vers moi en nageant gracieusement. Je connaissais parfaitement son statut de vélane et cela ne me dérangeait pas le moins du monde. Pourquoi s’empêtrer dans des détails inutiles ? C’était une jolie fille, simpa et rieuse. Normal que je m’entende bien avec elle. Non ? La jeune fille vint se blottir dans mes bras en souriant et elle me tira la langue. Aucun commentaire, ma jolie. Presque une demie heure plus tard, après avoir tranquillement discuté, Victoire s’éloigna.
Comme s’il avait attendu cette occasion depuis des heures, Lysander se leva et plongea. Il sortit la tête à quelques centimètres de celle de Victoire.

C’est moi ou tu as eu la trèèèèès mauvaise idée de venir dans l’eau toute nue ?
En même temps, t’en connais beaucoup, des gens qui viennent dans l’eau habillé ?

Mon regard alla immédiatement vers Lysander. Ouais, lui, par exemple. Mais bon, ce n’était pas mon problème. Et de toute façon, les bulles l’empêchaient de voir quoi que ce soit. Bien fait pour lui. Il se mit debout dans le bassin. C’est vrai qu’il n’était pas très profond, là où nous étions. Mais j’étais quand même plus grand que lui. En pensant à ça, je me rendis compte que Victoire était plus petite que nous trois, malgré ses longues jambes. Lysander appela son jumeau qui vint dans l’eau d’une manière très particulière. Il se laissa tomber comme une planche.
Lorcan resta quelques secondes sous l’eau. Pas longtemps mais ça suffit apparemment à faire paniquer son frère. Drôles de jumeaux, quand même. La phrase qui sortit de la bouche du Gryffondor fût assez… spécial.

Très belle, Victoire.

J’explosais de rire mais c’était plus un rire nerveux qu’autre chose. Victoire balança quand même une giffle à Lorcan, pour la forme. Même si elle ne paraissait pas plus choquée que ça.

Très belle.

Ma main partit. Je n'étais pas outrée ou quoi que ce soit mais les autres ne comprendraient pas si je ne me vengeais pas. Je ne voulais pas lui faire mal, non plus.
Alors une giffle était la meilleure chose que j'aie trouvé. Je sentais quelque chose en lui depuis quelque temps. Quelque chose de changé. Mais quoi ?
Je réfléchis sans pour autant arrêter de discuter. Si les deux autres voyaient que je changeais de comportement, ils pourraient se méfier. Et c'est la dernière chose que je voulais.
Je me rappelais les regards lancés, à la dérobée. Mais les regards sur qui, déjà ? La table des Serpentards, j'en étais sûr. Peut-être Angela. Pourquoi mon esprit avait immédiatement pensé à Angela ?
Je me tournais vers Lorcan et vis qu'il tenait discrètement sa baguette, pointée sur Chace. Mais, il fait quoi encore ? Je lui lançais un regard transperçant. Il rangea sa baguette et se dirigea vers le bord où il s'assit.
Abandonnant les deux autres, je nageais vers Lorcan et posais mon menton sur ses genoux. Mes yeux posèrent la question. Pas besoin de parler.
Je sentais le regard de Lys peser sur nous. Lui aussi voulait savoir. Attend... Si même Lysander ne sait pas... C'est que c'est grave ?
Si c'est grave, c'est qu'ils ne voudront pas m'en parler. S'ils ne veulent pas m'en parler, je ne pourrais pas les aider. Si je ne peux pas les aider, je me sens inutile. Cercle vicieux, n'est-il point ?
Les regards sur Angela... Regards méchants, haineux... Que c'était-il passé, entre eux ? Pourquoi dirigeait-il sa baguette sur son cousin ? Une vengeance. C'était obligatoirement ça. Mais vengeance de quoi ?
Les pires idées traversèrent ma tête. Bataille, mort, mémoire, sorts impardonnables. Je connaissais Lorcan mieux que d'autres personnes du Château. Mais de là à dire que je le pensais incapable d'une chose pareille ! Non, justement... Je pensais qu'il était capable de le faire. Pour de bonnes raisons, du moins. Mais lesquelles ?

Lorcan semblait mal en point. Il s'était dirigé vers le bord et Victoire l'avait suivi, posant sa tête sur ses genoux. Cette fille semblait à l'aise avec les mecs ! Qu'elle soit habillée ou pas, d'ailleurs. Lysander suivit le mouvement. Ne voulant pas rester comme un idiot, je le suivis aussi.

Tu es toujours malade?

Quelque chose dans sa voix sonnait faux. J'étais assez doué pour sentir les mensonges, paraît-il. Et bien là, j'en sentais un. Mais pourquoi mentir sur une soit-disant maladie ? Je mentais pour moins que ça, je vous l'accorde. Mais c'était bizarre.
Lysander devait être un pro du mensonge car je ne remarquais rien, aucun tic nerveux. Et Lorcan non plus. Victoire semblait partagée entre l'envie de les laisser seuls et celle de rester pour savoir.

J'ai remarqué qu'Angela avait des griffures au cou, Vic. Tu sais ce qu'elle a?

Je sursautaits. Comment il savait ça ? Elle me les avait bien montrer mais... Non, en fait, je les avait remarquées et j'avais arraché l'écharpe qu'elle avait autour du coup dès que nous nous étions retrouvé seuls. Mais elle n'avais pas répondu à mes questions, prétextant une rencontre maladroite avec un arbre.

Je les ai vues. Mais elle ne m'a rien dit là-dessus. Et toi, Chace ?
Je les ai vues aussi. Et elle mentait en m'expliquant ce qu'il s'était passé. Ce que je voudrais savoir, c'est comment TOI, tu les as vu.

La seule explication logique serait que c'était lui qui les avait causées. Lui ou Lorcan. Vu la tête que ce dernier avait, je miserais plutôt sur lui.

Elle s'est peut être fait étrangler...

Je remarquais que Lorcan fronça les yeux. Légèrement, un mouvement à peine visible. Mais je le fixais, cherchant le moindre indice. Je venais de le trouver, apparemment. Lysander détourna abilement la conversation. Mais j'avais gravé ce moment dans ma tête. J'allais devoir avoir une petite conversation avec ma cousine.

C'est la panique à Poudlard, pas vrai?
Effectivement. Pourtant, il ne s'est rien passé de nouveau.

Les jumeaux échangèrent un sourire. Je devais absolument savoir ce qu'ils savaient. Pourquoi ce comportaient-ils ainsi ? Je vis le regard de Victoire glisser sur Lysander. Je ne l'avais même pas remarqué, avant, mais Lysander était habillé en blanc. Et le blanc, dans l'eau, ça devient transparent. Bien joué...

Lentement, Lorcan se leva. Qu'est ce qu'il se passe, encore ? Avant que Lys n'ait pû faire le moindre geste, Lorcan tournait déjà les talons. A ma plus grande surprise, Chace sortit de l'eau. Je détournais rapidement les yeux et je le vis prendre une serviette et suivre Lorcan. Mais c'est quoi, encore, ce bordel ?
Alors que Lysander allait les suivre, je le retins et l'obligeais à me regarder dans les yeux. Je détestais plus que tout utiliser ça. Mais Papa me l'avait appris lorsque j'étais toute petite.
"Une formule très utile si tu veux savoir si une personne te dit la vérité"... Si tu le dis. Je ne l'avais encore jamais utilisé. Et je commencerais par poser ma question parce que je ne voulais pas briser la confiance que l'on avait. Mais si j'y étais obligée...

Dit moi ce qu'il se passe...

Une porte claqua. Chace et Lorcan venait d'entrer dans une autre pièce. Génial... Si un des deux mourrait, ça serait de ma faute. Je posais doucement mes mains sur le torse de Lysander et plantais mon regard dans le sien. Il avait secoué la tête pour me signifier qu'il ne me dirait rien. Génial...
Légilimens
Mon esprit devint eau, se glissa dans celui de Lysander qui sursauta violemment. Il ne s'y attendait pas, apparemment. Compréhensible. Il tenta de me repousser me j'eus le temps de voir une pièce abandonné, Angela, Lorcan, Albus et Lysander. Ainsi qu'une forme transparante, dans un coin de la pièce. Un fantôme.
Puis, je fus littéralement éjectée de l'esprit de Lysander. Son regard me fit presque peur. Je reculais légèrement, me mordant les lèvres. Qu'est-ce que j'avais fait ?

Lorcan se sentit trahis. Il se leva et commença à s'éloigner. Je vis Victoire retenir Lysander mais la seule chose qui m'intéressait, maintenant, c'était les réponses à mes questions. Et Lorcan semblait l'avoir compris. Je sortis moi aussi de l'eau, attrapant une serviette au passage et suivis Lorcan. Il se dirigeait vers une petite porte, non loin de là. Ce n'était pas la porte de sortie mais celle d'un petit réduit. Je posais ma main sur le battant et la poussais avant que le Gryffondor ne le fasse.
Il s'assit, dos à un miroir. On aurait dit un chat. Ou un lion. Seulement, une fois lancé, ma chasse ne s'arrêtait que lorsque je le décidais. Et je voulais savoir. Tout. Je reserrais la serviette autour de ma taille et vis que Lorcan me détaillait. Que cherchait-il ? Une faiblesse ? Je n'en avais qu'une : Angela. Dommage, n'est-ce pas ? Le bruit incessant des gouttes d'eau qui tombaient sur le sol était dérangeant mais ne me déconcentrait pas de mon objectif.

Dit-moi ce qu'il s'est passé avec Angela.

Pas une question, pas un ordre. Une déclaration, tout simplement. Je voulais savoir, je saurais. Aussi simple que ça. Et Lorcan devait le comprendre car lui aussi obtenait toujours ce qu'il voulait. Ses yeux se plissèrent jusqu'à devenir deux fentes. Des yeux de chat. C'était perturbant. Non, ç'avait été perturbant, la première fois qu'il m'avait regardé ainsi. Mais ça ne l'était plus.

Dit-moi tout. Absolument tout. Sinon, je peux demander à ton frère. Je saurais le faire parler, avec toi sous la main.

Je venais de toucher un point sensible. J'avais bien vu comment ils se protégeaient, mutuellement. Autant utiliser ça à mon avantage. N'oubliez jamais qu'un Stevenson n'a qu'une parole.

Ses doigts agrippèrent mes poignets. Il semblait effrayé et plus qu'en colère. Aie, je n'aurais peut-être pas dû faire ça. Mais il n'avait qu'à me dire ce qu'il se passait, aussi ! Son corps trop près du mien aurait pû me troubler si je ne voulais pas savoir à tout prix ce qu'il c'était passé.

NON!!! COMMENT AS TU OSE!!!?
Comme ça.

Encore une fois, je plongeais mon regard dans le sien et prononçait la formule. Des éclairs fusaient de toutes parts. C'est la seule chose que j'eu le temps de voir. Il me repoussa et son regard devint meurtrier. Oups... Il n'avait apparemment pas aimé mon passage dans son esprit.

Dit moi tout ! Comment as-tu osé toucher à Albus ?? On ne touche pas à quelqu'un de ma famille sans en subire les conséquences !!

Même si la colère prenait toute la place dans la salle, je n'avais pas peur. Je voulais savoir ce qu'il avait fait é mon cousin. Et à son frère aussi. A Angela aussi, même si c'était bien moins important. Les sanglots commençaient à monter dans mon corps et la seule chose que j'eu l'idée de faire, c'est de me réfugier dans les bras de Lysander... Bonne ou mauvaise idée, je n'en sais rien. Mais ça me calma. Un peu.
Ma main partit toute seule. J'avais tellement envie de lui en mettre une que mon corps avait obéit. Comme un grand. Génial... Ca, par contre, je voulais me le faire pardonner. Je plaquais mes lèvres contre les siennes. Mais les excuses pour la légilimencie, il peut les attendre jusqu'à ma mort !

Il se laissa glisser sur le sol. Son visage dirigé vers le sol, je fus choqué de le voir relever les yeux, un éclat meurtrier dans le regard. Peut-être avais-je touché le point faible mais il savait se défendre. Il n'était pas débile, non plus. Il était même très intelligent. Trop, même.
Approche toi de mon frère...et je t'assure...que ta souffrance sera inimaginable...
Ouuu mais c'est qu'il mordrait presque, le Lorcan ! Je me méfiais quand même. On ne sait jamais. Un vent chaud s'éleva dans la pièce. Un méchanisme pour sêcher les habits, apparemment.
Tu vas cesser immédiatement de me menacer.
Pas tant que tu ne m'auras pas dit ce que je veux savoir, mon mignon.
Voyez dans quel état il me met, ce gosse... Je l'appelle "mon mignon". Aucun commentaire. Mais ce surnom sembla le troubler bien plus qu'il ne l'aurait dû. Ah ? Un autre point sensible ? Pas sûr que je veuille le savoir...
Il gronda un peu. Lion... Le hurlement de Lysander me surpris. Elle lui faisait quoi, la vélane ? Pas besoin de le torturer, non plus. Mais ça me fit penser à quelque chose. Point faible.
Je le soulevais du sol grâce à un sort très simple et informulé. Les yeux dans les yeux. Je laissais mon aura prendre une couleur de peur. Autant le laisser croire ce qu'il voulait.
Tu as peur!
Tu sais quoi ? C'est très facile à manipuler, une fille... Un sort sur Victoire et elle fait tout ce que je lui dis de faire. Pourquoi crois-tu qu'il a hurlé, ton jumeau ?
Doute

Il recula de quelque centimètre. Suffisant. Je comprenais. Je n'aurais pas dû faire ça. Ca ne m'avait rien apporté. Non, ce n'est pas vrai. Ca ne m'avait presque rien apporté. A par que, maintenant, je savais qu'ils s'étaient battus. Lorcan, angela, lysander, albus. Qu'est ce qui leurs était passé par la tête ?

Là...là....là je veux pleurer... Mais je n'ai pas envie.

La logique de sa phrase me laissa sans voix. Non, ironie, tait-toi. Ce n'est pas le moment. Dans tous les cas, il était choqué et ça se voyait. Sa voix tremblait un peu, ses yeux étaient exorbités. Sa main serrait l'endroit où je l'avais touché. Il recula encore. Un fossé semblait se creuser entre nous. Qu'avais-je fait ?

Tu n'avais pas le droit.
Je sais.

Les sanglots perçaient dans sa voix mais ses yeux étaient vides. Vides. Quoi de pire que des yeux vides de tout sentiment ? Cela veut dire que je l'ai blessé. Profondément. La colère brûlait sûrement mais il ne laissait rien paraître. Par prudence, je reculais moi aussi d'un pas.

Tu n'avais pas le droit !

La répétition de cette phras commençait à me faire peur. Folie. Je n'aurais jamais dû lire son journal. Ainsi, je n'aurais jamais su que la folie était présente en eux. Enfin, folie. Le mot sadisme serait plus approprié. Mais j'avais peur.

Je devais savoir.

Pour me calmer, calmer mon esprit qui bouillonnait, je me laissais glisser dans l'eau. Entièrement. Les bulles passèrent au-dessus de ma tête et le calme résonna dans mes oreilles. Le calme. Plus de cris, de hurlements, de menaces et de pensées. L'eau a un pouvoir phénoménale sur les humains.

Je crois que tu t’es trompé de partie, Chace. Ce qui s’est passé entre An et moi, c’est très personnel. Et elle est grande. Et bien plus effrayante que toi.

Mon sourire s’agrandit encore à la mention du surnom de ma cousine. Ce surnom que l’on utilisait en famille et qui la faisait parfois hurler lorsqu’on le criait dans la rue. Quoi de plus personnel que les Impardonnables ? Cela me faisait bien rire. Apparemment, Angela s’était trouvé une cible de choix ! Peut-être même deux vu que les jumeaux sont inséparables.

Lys aurait peur ? Je me demande bien pourquoi. Victoire serait manipulée ? Dans ce cas, sache que tu viens de te faire une ennemie… ou pas…

Victoire était autant joueuse que moi, je l’avais bien remarqué. Et je ne pensais pas qu’elle m’en voudrait pour ça. Elle aussi voulait savoir plus que tout ce qu’il s’était passé. Alors, elle aussi utiliserait tous les moyens possibles pour arriver à ses fins. Je me tenais de toutes façons sur mes gardes. Et Lorcan le voyait. Bien !

Et bien, Stevenson ? Tu ne voudrais pas causer un peu ? Qu’est-ce qui t’a poussé à entrer ici, en sachant pertinemment que je ne dirais rien ?
Ce qui m’a poussé à entrer ici ? La soif de connaissance. Tout comme toi. Nous voulons tous deux comprendre les choses. Et j’ai vu que tu étais bizarre lorsque j’ai utilisé un surnom très joli.

Ses doigts se crispèrent sur sa baguette. Je le vis clairement. Tout comme le tremblement qui l’avait secoué quelques instant auparavant. Et cela me faisait bien rire. Intérieurement. Encore un point sensible. Il n’était pas si insensible qu’il le laissait paraître, le petit Gryffondor !

Tu es un oiseau enfermé en cage ? Qu’attends-tu pour te jeter sur le cadenas ?
Un oiseau enfermé ? Tu ne sais vraiment pas de quoi tu parles… Je ne me suis jamais senti aussi libre que depuis le début de l’année. Alors que toi, tu as un plan. Tu t’emmêle dans ce plan, sans regarder autour de toi. Sans regarder si une personne a réussi à entrer dans vos cœurs. Sans prêter attention aux autres, ne te concentrant que sur vous, les jumeaux fous. Vous êtes égoïstes.