Les trompettes de la victoire avaient sonné, un cours instant, un instant fugace, remplissant d’une joie malsaine l’esprit tourmenté de la jeune femme. Les bruits environnants s’étaient tus, dans un silence qui en faisait mal à l’ouïe de la blonde, pour laisser place à un instant certes fugace, mais intense. Joie malsaine, soulagement divin. De courte durée cependant. Ces oreilles entendaient encore un bruit sourd alors qu’elle parcourait le couloir vide. Des cris s’élevaient encore de la grande salle alors qu’elle fuyait l’horreur environnante, elle courait, remontant sa robe émeraude à l’aide d’une main ensanglantée. Tachant de rouge son jupon, ses cheveux s’emmêlaient au rythme rapide de ses pas. Vers quoi se dirigeait-elle ? Savait elle au moins les conséquences des ces actes ? Savait-elle que le sang qui avait été versé se soir là était en partie, et pas une mince, à cause d’elle ? Ne s’avait-elle pas qu’elle avait franchit une limite, une de plus, l’éloignant à grand pas de la petite fille qu’elle avait été autrefois. Une de plus. Une de plus. Une de plus. Cela raisonnait dans ses oreilles comme si elle avait commis le plus grave des pêchers sur terre. D’ailleurs, est-ce qu’au moins elle regrettait son geste ? Désespoir, hésitation, mensonge, mystère, doutes.. Que faisait-elle dans ces couloirs à courir, elle fuyait. Fuir, elle savait faire cela à merveille. Elle s’arrêta, honteuse, les joues légèrement rosées, la respiration saccadée, ses cheveux virevoltants autour d’elle comme essaim de vipère, sa poitrine se soulevant et s’abaissant en un rythme effrayant. Elle resta immobile quelque secondes avants de s’effondrer à terre en fixant ses mains pales, tachées de sang. Qu’avait-elle fait par Satan !

En un sursaut elle revint à la réalité, le souvenir était toujours aussi réel, elle revivait exactement sa fuite à chaque fois qu’elle fermait les yeux plus d’une minutes. Adossée à un saule pleureur dans le parc, la jeune femme regarda ses mains blanches. Elle revoyait encore distinctement le sang qu’elle avait fait couler avec une joie presque excessive, malsaine. Qu’avait elle fait ? Elle s’était vengée, elle mit sa tête dans ses mains, retenant des larmes brulantes qui allaient coulées d’un instant à l’autre. Un pas de plus vers l’autre coté d’elle-même. Elle savait qu’il ne devait bientôt plus avoir de place pour les remords. Elle releva la tête, son visage pale n’exprimant plus aucun sentiment. La douleur qui avait tordu ses traits l’instant d’avant avait disparue, comme ombre au soleil. Un sourire incurva la courbe de ses lèvres avec délice. Oui, elle allait arrêter de regretter et enfin se libérer de cette « innocente jeune fille » qui essayait encore en elle de la tirée en arrière. Stop au regret. Place au Round 2.

Se relevant d’un bond, comme une prédatrice soudain alléchée par l’odeur d’une proie plutôt savoureuse, la vipère épousseta sa jupe avant de jeté un dernier regard au lac. Surface calme pour intérieur bouillonnant. Le round Deux commençait, et elle ferait mieux de faire attention à elle car maintenant s’était à son adversaire de frappé, il fallait juste qu’elle affronte l’attaque avec courage pour la parée. Le plus dure était encore de prévoir l’attaque. D’une démarche de félin, la jeune femme pénétra dans le château. L’attaque avait bouleversé pas mal de monde, cependant, aucun mort. Ou presque, car Scorpius n’allait pas tarder à faire un saut de l’autre coté s’il continuait comme cela. Dommage, il n’était pas une personne si détestable..

Lorcan. Encore et toujours la même personne, face à elle, dans ce couloir. Décidément, le destin les poussait à se détruire mutuellement. L’attraction qu’elle avait ressentit pour lui lors de leur première rencontre s’était maintenant bien transformée en haine. Détestable Scamander. Tous autant qu’ils étaient. Trois têtes blondes détestable dans ce flot de jeunes sorciers. Lorcan. Explosif ? Surement, en tout cas la rencontre ne risquait pas d’être de tout repos.

Immobile. Immobile comme une statue. Immobile comme une vieille photo moldu. Immobile comme les murs du château. Immobile comme une effigie de la statue de la liberté. Immobile comme le Serpent, tapis dans l’ombre attendant le bon moment pour sauter sur sa proie. Immobile comme si ça vie en dépendait. Aucun mouvement ne venait troubler le tableau. Aucun mouvement n’agitait la jeune femme. Aucun mouvement ne se faisait ressentir de son coté. Elle attendait, patiemment que le loup daigne se réveiller, petite brebis attendant son trépas. Non elle n’avait pas peur, non elle ne sous-estimait pas la force de son adversaire, non elle n’allait pas se laisser faire comme une vulgaire petite fille sans défense. Il n’était pas le loup, et elle n’était pas le petit chaperon rouge. Dans ce conte là, il n’y avait que Grinning cat et Alice. Dans cette histoire là, les pages étaient recouvertes de sang. Dans cette histoire là, tout ne finissait pas bien. Ce n’était pas un conte tout arrangé depuis le début pour que tout finisse bien. Le bien n’allait pas forcément triompher dans son immense blancheur. Le mal n’allait pas périr sous la lame pure du chevalier blanc, le prince charmant n’existe pas dans ce conte là, la princesse est morte depuis bien longtemps. Pauvre princesse. Ne restait plus que l’esquisse d’un château en ruine, et deux âmes, en perpétuelle combat. Pas l’ombre d’un mouvement du coté de la blonde alors que le jeune homme lui, commençait à se mouvoir, s’échappant de ce monde d’observation. Place au combat. Lorcan se releva une main appuyée sur le mur, Angela ne bougea pas, poupée de cire.

« On s'en fout de c'que t'as fais. Je vais juste te mordre. JE ne puis te dire pourquoi, c'est un secret, un très vieux secret que je dois garder, palpable, battant, chaud et sanglant, là, contre mon coeur tu vois? Juste en dessous de ta poitrine, je vais te l'arracher, et si tu ne crois pas, tant pis pour toi, tu mouriras mouriras mouriras tranquillement... Et ensuite, je ne puis affirmer que tu vivras très longteeeeeemps...juste un peu, un tout p'tit peu, promis, ensuite tu iras valser avec des papillons de rouge et de noir, qui vont te faire disparaitre... »

Les paroles du jeune homme avait toujours été décousus, un discours presque incompréhensible, une énigme. Pourtant Angela comprenait très bien. C’était ce qu’il l’avait attiré chez lui au début. Cette pointe de folie, ce coté Lovegood. Elle ne bougea pas, statue de glace, comprenant pourtant les paroles pas très engageante du blond.

« Ensuite, tu vois, le sang qui coule sur tes mains, je vais te le faire bouffer. Ce sera très rapide, le temps d'un tire d'elle, hirondelle, et puis la fin. Le couteau qui sonne minuit, ensuite, juste la bougie qui plonge le monde dans cette torpeur, dans les ténèbres, celle qui fait si peur aux humains parce qu'ils sont tous restés au stade de l'enfant dans le noir. Mais moi, je te jure que tu vas voir avec splendeur quand Baal sera de retour, quand Baal va vaincre ces hérétiques qui n'ont pas cru en Messie. Le Seigneur qui est là pour guider ta voie et mener tes pas à la vie éternelle, et bien, tout ne sera rattaché qu'a un maillon de pendentif, le tout fermera les sept sceau du livre de Mathusalem... »

Elle ferma les yeux l’espace d’un instant. Essayant de remettre en place ses idées, d’assimiler les paroles. De les faire trouver un chemin dans son cerveau vif. Cela ne dera qu’un quart de seconde. L’espace d’un instant, volage.

« Tu penses encore que tu peux me vaincre, tu penses me connaitre et pouvoir me détruire? Tu penses que je ne suis pas si différente des autres, que je vais avoir peur? Tu te trompes.. Tu ne sais pas de quoi je suis capable. »

« Tu penses encore que tu peux me vaincre, tu penses me connaitre et pouvoir me détruire? Tu penses que je ne suis pas si différente des autres, que je vais avoir peur? Tu te trompes.. Tu ne sais pas de quoi je suis capable. »

Parole posée, respiration calme, elle savait de quoi elle voulait parler, elle n’avait pas prit la peine de se rallier au Dark Ravens pour rien. Elle savait de quoi elle était capable. Chace savait lui aussi de quoi elle était capable, mais les autres? Savaient-ils à quoi ils s’engageaient en se dressant contre elle? Pas vraiment, c’est vrai qu’elle était froide et méchante dans les couloirs du château, mais pour l’instant, elle n’avait pas sortit les griffes, le venin n’avaient pas encore tapé, méchamment. Elle s’était échauffé, pour elle ce qui était arrivé à Loreleï Scamander n’était qu’un simple échauffement, et un peu de prévention. Quand on la cherche, on la trouve. Et cette famille Scamander avait bien finit par lui entailler la patience. Maintenant, aucun doute, elle attaquerait, bien plus fort la prochaine fois. Mais pour l’instant, Lorcan n’allait pas rester les bras croisé après ce qu’elle avait fait. Et c’était à son tour d’attaquer, d’avancer ses pions sur l’échiquier.

Elle était prête, prête à tout ce que Lorcan pourrait faire, elle avait de bon reflex et surtout la rage au ventre tout en gardant totalement le contrôle d’elle-même. Elle avait apprit à se contrôler. On lui avait apprit à se contrôler. Rarement elle montrait ses émotions, il fallait les décrypter, et encore. Il fallait vraiment savoir lire dans les pensées pour voir comment elle se sentait, à part Chace.. Ce bon vieux Chace qui la connaissait par cœur.

« La magie... montre moi ce que c'est pour toi. Si ça vaut plus que ta vie. »

En un rien de temps, un éclat passa dans les yeux de la jeune femme, elle se préparait, préparait à recevoir l’attaque tant attendue. Lorcan, face à elle, à quelques mètres, tenaient dans ses mains deux baguettes. Elle reconnu celle de Loreleï. Et celle du jeune homme. Alors il comptait utilisé la baguette de sa sœur pour se venger? Elle eut quelques fractions de secondes de surprise quand Lorcan éleva les baguettes et fit étinceler deux lames, deux sabres, aiguisés.

Un éclair lui indiqua que les lames se dirigeaient à grande vitesse vers elle, surprise, elle réussit à esquiver de justesse, une lame cependant entailla légèrement la peau de sa joue gauche. Quelques goutes de sang coulèrent. La jeune femme porta ses doigts au goute sombre, puis regarda Lorcan, la haine dans les yeux. Elle se redressa et sortit sa baguette, avec agilité elle se baissa, évitant une deuxième attaque puis elle visa la baguette blanche de Lorcan.

« Expelliarmus! »