C'était le milieu de la nuit. La pluie tappait contre les carreaux, les nuages cachaient la lune. Le sommeil qui m'avait emporté quelques heures avant m'avait soudainement quitté, laissant place à une faim dévorante. Au milieu de la nuit, dans le silence des dortoirs, mon ventre faisait un bruit impossible à cacher.

Je me levai donc, enfilais des pantoufles et me glissais hors de la chaleur protectrice de mon lit. L'air frais contrasta avec la chaleur de mon visage et j'attrapais une robe de chambre que j'enfilais par dessus mon pyjama. La serrant contre moi, je descendis dans les couloirs. Les préfets ne me remarquaient même plus car ils avaient l'habitude de mes promenades nocturnes.

Mes pas me guidèrent vers une porte que je connaissais très bien. Celle des cuisines. Levant les yeux au ciel, me faisant la promesse de ne plus jamais me lever la nuit pour aller manger, je saluais les elfes de maisons qui sautillaient de joie. Ils allaient pouvoir s'occuper de moi.

Madame ! Cela fait si longtemps que vous n'êtes pas venu nous voir pendant le sommeil ! Venez, venez !

Il me tira par le bras et me fis asseoir sur un tabouret. Ces petits malins avaient été prévenus de mon arrivée car, sur la table, se trouvaient une multitude de bonnes choses. Mon estomac gronda un peu plus fort. Le sourire aux lèvres, je remerciais les elfes et me mis à manger.

Soudain, les elfes se remirent à piailler. Une autre personne devait venir par ici car ils installèrent un autre tabouret, en face du mien. La porte souvrit en grinçant et une tête bien connue, souriante, apparue. Ma petite soeur !

Dominique ! Toi aussi ta faim t'a réveillée ?

Oh ! Vicky ! Comme ça fait longtemps !

Je grimaçais. Non mais je n'en pouvais vraiment plus de ce surnom. Ma soeur s'assit en face de moi et me sourit.

S'il te plaît, arrête de m'appeler comme ça... Ca fait vraiment trop longtemps, ma belle ! Quoi de neuf dans ta petite vie ? Il paraît que tu t'es bien amuser, l'autre jour ?

Un sourire se dessina rapidement sur mes lèvres. Une simple rumeur mais apparement vraie car ma soeur rougit. Je me demandais bien avec qui. Mais quelle question ! Avec Rose, bien sûr ! Notre cousine adorait faire la fête. Normal que Dom' ait voulu essayer ! Je pensais moi-même à sortir avec ma soeur et ma cousine. J'avais besoin de m'amuser.

Je croquais dans un morceau de pain. Un verre de lait apparu près de ma main. Ces elfes étaient géniaux. Vraiment. Je tournais la tête et vis un elfe qui me regardait en souriant. J'inclinais légèrement la tête, en remerciement. Dom' me tira la langue. Signe que je lui retournais évidemment. Je ne l'avais pas vue depuis un petit moment. Je remarquais que ses cheveux avaient poussées et qu'ils paraissaient plus longs. Elle était plus... rayonnante, plus belle.

Ce doit être génétique, se lever la nuit pour manger des cochonneries !

Je me rappelais encore nos virées nocturnes dans la maison lorsque les parents fermaient enfin les yeux. Nous nous levions et allions nous regaler dans le frigo. Au beau milieu de la nuit, bien entendu !

Ca doit être ça, oui ! Sinon, c'est qu'on est dépressives pour venir manger au milieu de la nuit, alors que tout le monde dort !

Ma petite soeur avait soit le chique de mettre les pieds dans le plat soir une rumeur courait dans les couloirs. C'est vrai que j'entendais murmurer des choses, ces derniers temps. Mais je n'y prêtais pas vraiment attention. Les rumeurs sont drôles mais, la plupart du temps, fausses. Je sentis mes joues s'enflammer lorsqu'elle me posa une simple, bête question.

Et toi alors ? Tu me racontes quoi ? Dis-moi, as-tu trouvé un cavalier pour ce bal ?

Je n'ai rien d'interressant à raconter. A part que j'ai rencontré des jumeaux complètement fous que j'adore. Et oui, j'ai un cavalier... Lysander. Je crois que tu connais son frère, Lorcan ? On m'a dit que vous êtiez allé boire un verre ensemble.

Chacun son tour, de rougir ! Même lorsqu'elle ressemble à un écrevisse, Dominique est belle. C'est sûrment grâce au sang de vélane qui coule dans nos veines. Merci Maman !

ah AH ! Chacun son tour de piquer un fard ! Apparemment, ma petite soeur était amoureuse ! C'est une menteuseuuuh elle est amoureuseuuuh ! Hum.. Bref...

Sa petite soeur piqua donc un fard de niveau trois sur l'échelle de l'écrevisse. Je me retins de rire mais ça allait être très dur car je sentais le fou rire monter de mon ventre. Je lançais un morceau de pain en plein milieu du front de Dom' et éclatais de rire.

Oh la la ! Ma belle, j'ai une de ces vises !

J'entendis un elfe glousser. Et je repartis de plus belle dans mon fou rire. Ca fais un de ces bien de rire avec sa soeur ! Je sentais bien qu'elle n'était pas dupe, avec cette histoire ed cavalier. Mais je ne voulais rien lui dire, pour le moment. Sinon, ça serait : C'est du sérieux, pour une fois ? Et lui ? Comment il le prend? Bref, ça serait prise de tête.

Enfin, ma petite soeur d'amour riposta. Elle m'envoya le même morceau de pain qui, une fois encore, ricocha contre mon front. La crise de fou rire qui s'ensuivit fût mémorable.

Toi aussi ! Et on fera un concours ! Et... et... OK je me tais...
Je me demande ce que seront les prochains articles de Miss Potin. C’est sur qu’on rigole bien avec elle !

Je sentis mes joues s'enflammer... Je me sentais tout le temps observée mais ce n'était peut-être qu'une impression. Après tout, Miss Pottin ne pouvait pas être au courant de tout. Si ? Pourvu que... Non, ne pas y penser !

On rigole bien, c'est sûr ! Et je me dis que je n'ai pas vraiment envie de savoir... Je sens qu'elle va nous massacrer ! Tu crois qu'elle saura pour notre excursion nocturne dans les cuisines ?

Un elfe posa une tasse de chocolat chaud, enfin, brûlant, devant moi. Je le remerciais d'un hochement de tête. Rire avec ma petite soeur me remontait le moral. Ca faisait trop longtemps que nous ne nous étions pas retrouvées à table au milieu de la nuit. Et ça faisait un bien fou ! Je lui souris et envoyais un morceau de chocolat noir dans sa tasse. Je lui tirais la langue et lui demanda soudain.

Tu as un cavalier pour le bal ? Tu y vas avec Lorcan ?ajoutai-je, un énorme sourire aux lèvres.

Waouh, quel scoop ça ferait ! Deux sœurs hors-du-commun, qui vont dans les cuisines en pleine nuit, Attention aux kilos en trop mesdemoiselles !

Je pouffais de rire. En plus, c'était tout à fait les tournures de phrase qu'utilisait Miss Pottin. Je regardais ma soeur en souriant, méfiante. Je me méfiais de tout le monde sur ce sujet. Car Miss Pottin pouvait bien être ma soeur comme un prof. Ou même un elfe de maison. Pfff, je divague complètement.

Tu l’aimes beaucoup, Lorcan, pour m’en parler comme ça, non ? Surtout son frère.
Je les adore tout les deux. Ils sont géniaux, complètement fous et super simpas... Même si, effectivement, je préfère Lysander. Et ne répond pas à ma question avec une autre question, salle peste !

Je sentais bien que mes joues étaient brûlantes. Pourvu que la rumeur ne se propage pas trop vite, je n'avais pas reparler à Lys... Et je ne savais pas si je le voulais, d'ailleurs. Non, mon coeur savait mais pas ma tête... Pfff beaucoup trop compliqué pour y penser au milieu de la nuit..

Pour ta gouverne, sort toit les idées que tu t’es faîtes de la tête. Je ne sais pas ce qu’on t’a raconté mais avec Lorcan, on a juste parlé. D’ailleurs, c’était la première fois que je le rencontrais.
Je le sais bien ! Et d'ailleurs........... Non, rien ! Oublie ça.
T’as raison d’ailleurs, je ne connais pas l’autre jumeaux, mais le premier a bien son caractère et il n’en reste pas moins super sympas !
Je confirme, Lorcan a un caractère très simpa. Quand à son jumeau, évite d'utiliser ton charme sur lui, je crois que ça ne fonctionne pas. Même si, avec le quart de celui de maman, tu n'arrives qu'à charmer les vendeurs de glaces !

J'éclatais de rire. Le pire dans tout cela, c'est que c'était vrai ! Domi avait, depuis toute petite, une adoration pour les glaces. Et elle s'était amusée à charmer le vendeur pour avoir des glaces gratuites ! Sacré gamine, va ! Bien entendu, Dom se vengea !

Attention, tu risque prendre des kilos ma grande sœur d’amour ! Se serait dommage de ne plus rentrer dans ta robe !
C'est vrai que ça serait dommage... Et alors, tu compte y aller avec qui, à ce bal ? Tu ne m'as toujours pas répondu ! Et je ne te dirais pas mon cavalier avant que tu t'en trouves un !

Comment je savais qu'elle plaisantais ? Tout simplement en étudiant son visage. Elle essayait de retenir un sourire. Et surtout, les vélanes ne prennent pas un gramme. Jamais. Sauf quand elles sont enceintes, bien sûr. Mais sinon, elles mangent tout ce qu'elle veulent sans jamais grossir. Très utile, ce petit truc de vélane.

Ma magnifique petite soeur n'avait jamais aimé que les gens ne finissent pas leurs phrases. Et elle n'aimait toujours pas ça. Elle voulait savoir ? Et bien elle ne saurait pas. Mon humour sadique refit surface, rien qu'un instant.

Eh bien figure-toi qu’il était totalement sous mon charme ! Il l’est toujours d’ailleurs, à chaque fois que je passe il m’invite ! Et tu te souviens, la crise que piquait maman quand elle s’en apercevait !
Oh oui, je m'en rappelle très bien. Je me rappelle aussi du : N'utilisez pas votre charme pour des choses inutiles ! Utilisez-le seulement s'il peut vous sauver la vie ! Chose que je n'ai bien entendu jamais respecté.

Je n'aimais pas qu'on me donne des ordres. Alors, chaque fois que maman nous disait ça, quelques jours plus tard, je m'étais amusée comme une folle à envoûter tous les garçons de l'école. Pauvre maman. Je n'étais pas facile à vivre dans ces moments-là !

J’attends qu’on m’invite, comme tout le monde !
Et personne ne t'a proposé de l'accompagner ou tu as déjà refusé des invitations ? Parce que, j'avoue, on ne me l'a demandé qu'une seule fois. De la personne que j'attendais, en plus ! Et je ne sais pas si la chance à quelque chose à voir là dedans !ajoutai-je malicieusement.

Par le slip de Merlin ! Les pauvres garçons …

J'explosais de rire. Quelle expression débile mais hilarante ! Chaque fois que je l'entendais, je partais dans un horrible fou rire contagieux.

Heureusement qu’une de nous deux est plus raisonnable.
Tu parles !! Tu n'es pas raisonnable, tu as peur des conséquences, c'est différent !! Non mais oh ! Tu crois franchement que je vais croire une ânerie pareille ?

Le silence s'installa puis nous éclatâmes de rire. Décidement, je ne pouvais pas rester sérieuse lorsque j'étais avec Domi. Je rigolais tout le temps. Et je ne me forçais pas, c'était peut-être le pire, dans tout ça ! Vachement de chance ? Moui............. C'est vrai que je n'avais rien fait pour qu'il me le propose. Alors, effectivement, j'ai peut-être un peu beaucoup passionnément à la folie.... de chance.

Mais …

Mais quoi ? Elle tendit le doigt vers mon collier et le toucha légèrement. Qu'avait-il, mon collier ?! Je baissais les yeux pour regarder et Domi toucha mon nez du bout du doigt. Oh non ! Son jeu, j'étais encore tombée dans son piège ! Elle explosa de rire. Je la suivis. J'y crois pas, elle est trop forte ma petite soeur !

Je t’ai ENCORE eu !
Je confirme, tu m'as ENCORE eu ! Et je vais ENCORE devoir me venger ! Même si je ne sais pas encore comment...

Je dois ça à mon infâme petit frère ! C’est lui qui me l’a montré dans un de ses bons moments.

Ah, Louis ! Le pauvre nous évitait comme la peste depuis qu'il était arrivé à Poudlard. D'abord, je me fais une réputation et après, j'avoue que vous êtes bien mes soeurs ! Normal, en même temps. Nous étions totalement folles et fière de l'être ! Le pauvre était un peu "écrasé" par nos caractères... pas vraiment discrets et faciles à vivre. Je le comprenais.

Domi renversa le reste de son chocolat sur ses habits et je partis dans un fou rire horrible. Un elfe courut pour l'aider. J'en étais incapable, totalement morte de rire sur la table. Les gaffes, nous étions en train de les alignées, là ! Heureusement que nous ne nous étions pas croisées dans la salle commune. Tous les Gryffons seraient réveillés, maintenant.

Toi, rigole pas, ou il pourrait bien t’arriver la même chose !
Et je suis sûr que ça ne serait pas exactement un accident, n'est ce pas ?

C'était toujours comme ça, avec Domi. La moindre petite chose nous faisait rire et s'en était effrayant. Enfin, surtout pour ceux qui ne nous connaissait pas. Ou qui ne nous avait jamais vu dans cet état. Et oui, rire me faisait un bien fou. Bien sûr, nous avions aussi des discussions sérieuses... ou presque. Mais les fous rires étaient toujours les meilleurs moment que je passais avec ma petite soeur.