Tu sais pourtant qu’il n’y a pas de miroir dans une forêt, sauf si tu en amènes un avec toi.

La jeune fille vit avec satisfaction Jacob se mordre la lèvre pour ne pas rire. C’était une joute verbale qui les opposait depuis des mois et ils adoraient ça, tous les deux. Ils s’amusaient beaucoup, sous le regard médusés des autres personnes qui ne comprenaient pas vraiment où voulaient en venir les anciens ennemis. Jacob sourit ensuite, d’une manière qu’il voulait désolée mais même le plus aveugle des aveugles aurait remarqué que le sourire était plus que forcé. La joute continuait, pour le plus grand plaisir d’Alessandra.

Le miroir, je l'aurais apporté pour te montrer ton propre reflet. Tu en aurais peut-être fait une crise cardiaque. Heureusement pour toi, je ne suis pas si sadique...

Alessandra sourit et s’apprêtait à répliquer quand elle vit Jacob se lever, ranger sa baguette et s’approcher d’elle. Il ne restait plus beaucoup de distance entre les deux jeunes gens et un léger sourire tira les lèvres de la Serpente. Elle répondit à la question de Jacob avec un grand sourire plus qu’innocent. Après tout, elle n’avait pas à se justifier de ce qu’elle faisait dans un endroit interdit. Ou plutôt, pas devant Jacob. Devant la directrice, pourquoi pas. Devant le Mage Noir, certainement ! Mais pas devant celui qu’elle appréciait plus que la normale. Elle n’avait pas besoin de se «livrer » à lui. Le garçon sourit à sa réponse et Alessandra sentit un fou rire monter dans son ventre. Elle avait envie de danser, de sautiller partout et de faire danser des cocottes en papier mâché.

Moi aussi je t'adore Alessandra. Tu es une distraction à toi toute seule. Et puisque tu veux rester, bah je vais faire pareil, hein ! Y a pas de raison que je manque de te ridiculiser une fois de plus. Je ne les compte plus tant. Ça en devient presque lassant !

Jacob éclata de rire et le rire d’Alessandra suivit de près. Le mélange de deux rires est ce qu’il y a de plus joyeux au monde, non ? Et pourtant, connaissant le caractère d’Aless, la jeune fille n’aurait jamais dut rire de telle manière avec un rouge et or. Avec un autre Serpentard, oui, pourquoi pas. Mais ces prétentieux de Gryffondor ne méritaient pas que l’on rit avec eux. Et pourtant ! La jeune fille riait avec un de ceux-là et en plus, elle était sincère.

Alessandra, qui était perchée sur une racine de façon à être plus haute que Jacob, passa les bras autour du cou du garçon et sauta sur le sol, à ses côtés. Avec un sourire, elle posa un baiser léger sur la joue du Gryffon et attrapa un des livres qui était sur le sol. C’était un manuel de DCFM et Aless le reposa avec une grimace. Elle aimait bien ce cours, elle aimait bien le prof, aussi, mais elle préférait faire de la pratique plutôt que de la théorie. La théorie ne sert à rien.

Bon, chéri ! On est tous seuls dans la forêt alors, fait gaffe à toi.

Avec un petit sourire, Aless se dressa sur la pointe des pieds pour mordiller le lobe de l’oreille gauche de Jacob. Elle aimait autant leurs joutes verbales que les jeux qui s’en suivaient souvent.

Bon, chéri ! On est tous seuls dans la forêt alors, fait gaffe à toi.

Tu avais remarqué aussi ?

Alessandra retint un éclat de rire. Les répliques de Jacob étaient toutes mesurées et drôles. La jeune fille adorait ça. Peut-être même un peu trop. Lorsqu’elle croisait le jeune homme dans les couloirs, elle ne pouvait s’empêcher d’espérer une pique de sa part, juste pour pouvoir lui répondre et parler un moment avec lui, sous les regards bien entendu suspects des autres élèves qui ne comprenaient franchement pas ce qu’il se passait entre les deux jeunes gens. Alessandra se mit sur la pointe des pieds pour mordiller le lobe de l’oreille de Jacob et elle sentit les bras musclés du Gryffondor entourer sa taille et la soulever. Elle était évidemment plus petite que lui et adorait quand le garçon la soulevait comme ça. Elle trouvait cela très… excitant, bizarrement. Elle qui ne pouvait pas voir les prétentieux rouge et or, elle qui ne supportait pas leur vanité, elle était tombée amoureuse d’un d’entre eux ? Voilà qui était plus que surprenant…

C’était souvent après leur joute verbale que les deux presque-amoureux se retrouvaient à s’embrasser passionnément dans un recoin sombre du château. Jamais, encore, elle n’avait été confrontée aux regards des autres et elle ne savait pas si elle voulait exposer son nouvel amour aux yeux de tous. Bref, pour l’instant ça n’avait jamais été plus loin que des baisers, des mordillements et, plus rarement, des caresses. Jacob trouvait toujours un prétexte pour partir, laissant la pauvre Alessandra frustrée. Elle n’avait qu’une envie, pour le moment, se blottir dans les bras de Jacob et ne plus bouger pendant des heures entières. Elle se sentait en sécurité avec lui, elle ne savait pas vraiment pourquoi. Elle sentait le souffle du garçon s’accélérer dans son cou et le cœur de la rousse s’affola. Elle était au bord du vertige et ne voulait que prolonger l’étreinte. Mais Jacob la reposa. Elle leva vers lui ses yeux presque noirs et croisa le regard sérieux de Jacob.

Écoute, Alessandra, avant d'aller plus loin, il faut que... que je t'avoue que...

La jeune fille s’attendait au pire. Il était déjà engagé par ses parents depuis son plus jeune âge dans un mariage arrangé ? Il ne l’aimait pas et préférait qu’ils restent amis ? Toutes les idées les plus saugrenues passèrent dans l’esprit échauffé d’Alessandra avant que celle-ci se rappelle que Jacob avait perdu sa mère lorsqu’il n’était encore qu’un gamin et que son père était… parti. Elle ne trouvait pas d’autre mot. Elle effaça donc toutes ses pensées et écouta ce que Jacob avait à lui dire.

Je suis un loup-garou... Vas-y, tu peux t'en aller. Ça ne serait pas la première fois qu'une fille me lâcherait à cause de ça !

Sous le choc, Alessandra crut avoir mal entendu. Elle repassa en boucle dans sa tête la première phrase de Jacob et se laissa tomber par terre, les yeux dans le vague, en pleine réflexion. Je suis un loup-garou... Je suis un loup-garou... Je suis un loup-garou.. Je suis un loup-garou...… La jeune fille leva vers Jacob un regard perdu et hésita entre le prendre dans ses bras devant son regard blessé ou ne pas bouger et continuer à réfléchir.

Cependant, elle n’avait pas non plus toute la vie devant elle pour tourner ses idées et options dans sa petite tête rousse et elle savait qu’elle aimait toujours le Gryffondor, qu’importe ce qu’il était. Tremblante, Alessandra se releva et se planta devant Jacob. Elle posa ses deux mains blanches et glacées sur le visage résolu du rouge et or et planta son regard dans le sien.

Jacob Dragonneau, je me fiche pas mal de ce que tu es tant que tes sentiments sont clairs…

La jeune fille posa ses lèvres sur celles de Jacob, mettant toute sa passion dans ce baiser.

Jacob Dragonneau, je me fiche pas mal de ce que tu es tant que tes sentiments sont clairs…

Alessandra embrassa passionnément son amour en passant ses bras autour de son cou. Jacob ne broncha pas, au début. Puis, la jeune fille sentit les bras musclés du… loup-garou l’enlacer et elle sentit les lèvres douces descendre dans son cou avec une passion communicative. La respiration d’Aless s’accéléra d’un seul coup. Le point le plus sensible de son corps était dans son cou et elle ne savait pas si Jacob le savait mais en tout cas, elle n’allait pas l’arrêter. Elle frissonnait sous les doigts du Gryffondor et sentit un arbre entrer en contact avec son dos, presque violemment. Les doigts de la jeune fille se mêlèrent avec les cheveux bruns du jeune homme et elle l’attira près d’elle.

Lorsqu’elle sentit les doigts puissants de Jacob défaire la boutonnière de sa chemise, sa respiration s’accéléra encore et son cœur rata un battement. Elle passa ses mains sous le T-shirt de son amour et le fit passer par-dessus sa tête. Le vêtement finit sa course entre les racines d’un arbre et le chemisier d’Aless le rejoignit rapidement. Les deux amoureux ne se contrôlaient plus vraiment et Alessandra mordilla la lèvre inférieure de Jacob avec un petit sourire. Elle le sentit se crisper et elle attrapa sa baguette pour faire apparaitre un lit là, au milieu de la forêt interdite. Après tout, le sol et les racines ne sont pas très confortables. Jacob attrapa la jeune fille par la taille et la souleva pour la faire basculer sur le lit. Alessandra rit un court instant avant que les lèvres fiévreuses des deux amoureux se rencontrent, encore une fois. Alessandra tira Jacob à elle et ferma les couvertures sur leurs corps enlacés.

------------------------------------------------------------------------------------- Un peu plus tard

La tête posée sur le torse nu de Jacob, Alessandra respirait calmement. Elle était heureuse, tout simplement. Elle venait de passer un des plus beaux moments de sa vie avec la personne la plus chère à son cœur et elle tira un peu la couverture pour couvrir ses épaules nues. La nuit était presque là et le froid commençait à arriver. Contre le torse brûlant de Jacob, Alessandra n’avait pas froid du tout. L’avantage d’être un loup-garou c’était qu’on n’avait jamais froid ? La jeune fille soupira un peu et sa main gauche se posa sur le ventre de Jacob. Elle leva un peu les yeux pour pouvoir voir le visage de son amour et sourit. Il était beau et simple, comme ça. Alessandra regarda aussi ses mèches rouges sur la peau de Jacob et retint un rire. Le contraste était magnifique à voir. Deux personnes opposées sont complémentaires. C’était peut-être pour ça que Jacob et Aless étaient fait l’un pour l’autre.

Et si on restait là, cette nuit ?

Un sourire tira les lèvres de Jacob et celles d’Alessandra en même temps. Il n’y avait aucun sous-entendu mais la jeune fille n’avait juste pas envie de retourner dans son dortoir maintenant.